Fouilles de Naters: les archéologues à pied d'œuvre pour respecter les délais

Oriane Binggeli
Journaliste RP

Départ à Naters, sur le plus vaste site néolithique jamais découvert dans le canton. Les archéologues s’y activent depuis un an et n’ont plus que quelques mois pour terminer leurs fouilles. Leurs découvertes promettent de devenir des références majeures pour les historiens.

Direction le Haut-Valais, à Naters, pour parler Préhistoire. Voilà un an que les archéologues s’activent sur le plus vaste site néolithique jamais découvert dans le canton. Et ils n’ont plus que quelques mois pour terminer leurs fouilles. Ensuite, les machines de chantiers reprendront pleinement leurs quartiers, pour achever l'agrandissement du home de Naters, comme convenu. C’est d’ailleurs ce chantier, débuté au printemps 2020, qui a révélé l’importance de ces vestiges.

Une course contre la montre qui se passe plutôt bien selon Caroline Brunetti, archéologue cantonale, malgré les aléas de la météo et de l’hiver. Quinze à vingt spécialistes sont à pied d’œuvre sur ce terrain qui s’étale sur 3500m2. 

Plus de trésors que prévus

Leurs recherches ont révélé les vestiges de deux villages, vieux de presque 6000 ans, mais aussi des traces plus anciennes, laissées par des chasseurs-cueilleurs il y a près de 8000 ans. Sans compter les nombreux objets retrouvés qui permettront de reconstituer le mode de vie de ces ancêtres valaisans. "On a trouvé des silex du sud de la France, de la céramique typique du sud de l'Allemagne et un tas de graines et denrées très bien conservées", énumère Caroline Brunetti. Toutes ces trouvailles permettront aux spécialistes de tracer les axes de commerces qui existaient à ces périodes, mais aussi d'analyser le fonctionnement de ces populations. "Comment vivaient-ils, sous quel régime, étaient-ils plutôt indépendants ou géraient-ils leurs biens en communauté, etc.", poursuit Caroline Brunetti. 

Cette dernière parle d'un des sites d'habitats néolithiques les mieux conservés à l'échelle suisse. Une aubaine et une petite révolution pour la connaissance archéologique. "Entre les traces d'habitations, les artefacts et les graines retrouvées sur le terrain, il y a de quoi combler plusieurs lacunes sur cette période", se réjouit-elle.

Pour la postérité

Archéologues et universités sont d’ailleurs nombreux à avoir foulé le site de Naters depuis le début des fouilles Il faut dire qu’à terme, tout disparaitra sous le bitume. Ne resteront que les artefacts dans les musées et les futures publications, à destination des scientifiques mais aussi du grand public. "Il y aura évidemment plusieurs volumes scientifiques, concède Caroline Brunetti, le but étant de faire évoluer la branche. Mais nous prévoyons aussi de retranscrire les résultats dans des ouvrages vulgarisés, pour que tout le monde puisse se projeter dans ce petit village néolithique de Naters."

Caroline Brunetti précise d’ailleurs que le site est ouvert au public chaque mercredi après-midi.

OB
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