Drame de Sierre : une veste à l'origine de l'accident ? Nouvelle hypothèse en Belgique

La Belgique n'a pas oublié : huit ans après le drame, le pays cherche toujours des réponses à l'accident de car qui a coûté la vie à 28 personnes dans le tunnel de Sierre. Un grand quotidien du pays émet une nouvelle hypothèse.

«L'incroyable hypothèse», c'est le titre de l’article paru le neuf juin dernier dans le journal belge La DH, grand journal quotidien francophone (article réservé aux abonnés ici). Malgré les années, la Belgique n'oublie pas la tragédie de Sierre et cherche toujours des réponses. Le 13 mars 2012, aux alentours de 21 heures 10, un autocar ramenant des écoliers et leurs accompagnateurs en Belgique après un camp de ski, heurte de plein fouet une paroi du tunnel de Sierre sur l'autoroute A9. Le bilan est très lourd : 28 morts, dont 22 enfants. L’émotion suscitée par le drame est immense. Des messages de condoléances affluent du monde entier, jusqu’au président américain Barack Obama. La Belgique décrète un jour de deuil national. Après des mois d'enquête, la justice valaisanne clôt le dossier, privilégiant une inattention ou un malaise du chauffeur.

Le car était en retard sur l’horaire

Aujourd'hui donc, nouvelle hypothèse. Le journal belge donne la parole à un homme se présentant comme technicien à Lyon dans un laboratoire de recherche. Un technicien qui a réalisé sa propre enquête. Pour lui, tout débute par un départ précipité de St-Luc ce soir-là. Le car est en retard sur l'horaire prévu. L’enquête officielle le démontrera : peu de temps après le départ, le car se met sur la bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute, juste avant le tunnel. Les deux conducteurs échangent leur place. Problème, selon cette contre-enquête, le chauffeur de 34 ans n'aurait pas n'a pas mis sa ceinture de sécurité, il n'aurait même pas retiré sa veste. Et c'est en voulant l'enlever justement que le drame serait arrivé. Nous avons joint l'auteur de cette enquête, qui se fait appeler Nestor Kéa. «Comme le car est parti en retard, il s’est retrouvé sous la pression horaire de la RPLF, la redevance forfaitaire sur le trafic des poids lourds» déclare le Français. «Le car devait sortir de Suisse avant minuit. Pour réussir à tenir cette performance, il fallait qu’ils fassent plus de 96 km/h de moyenne. Ils ont confondu vitesse et précipitation».

Une veste à l’origine de l’accident ?

Toujours selon cette nouvelle hypothèse, le chauffeur au volant lors de l’accident n’aurait pas fait son «adaptation de poste» à l’arrêt. «Il a attendu d’être lancé à pleine vitesse pour le faire, poursuit Nestor Kéa. Il a essayé de retirer sa veste au volant. Il s’est coincé les deux bras. Il s’est retrouvé prisonnier avec les bras coincés, il ne pouvait plus interagir sur le volant.» Pour appuyer sa thèse, Nestor Kéa revient sur le fait que, selon lui, le chauffeur n'aurait pas mis sa ceinture de sécurité. Incompréhensible pour un professionnel. «Un jeune chauffeur, c’est automatique. Quand il monte au volant, il met sa ceinture. S’il ne le fait pas, c’est qu’il a l’objectif de faire une chose simple et précise, c’est de retirer un vêtement dans la partie haute de son corps, c’est la seule raison qui puisse exister pour ne pas mettre sa ceinture».

Interrogé, le procureur en charge de l’enquête répond

L'hypothèse de la veste mal enlevée est une thèse de plus, mais est-ce crédible ? Nous avons contacté le 1er procureur du Valais central, Olivier Elsig. Il était en charge de l'enquête à l'époque. Il a accepté de répondre. «Il y a eu de très nombreuses hypothèses durant ces années. Ce que je peux vous dire, c’est que par rapport aux investigations qu’on a menées, aucun élément ne peut accréditer cette thèse. Il y a eu un changement de chauffeur c’est une certitude. Pour le reste, on ne sait pas ce qu’il s’est passé à l’intérieur. Mais aucun témoin n’a rapporté un stress particulier, où le fait qu’ils étaient pressés.» Olivier Elsig qui apporte une nuance : «Formellement, on ne peut pas exclure cette hypothèse, puisque tous les gens qui étaient à l’avant du bus, notamment les chauffeurs, sont décédés. Mais je le répète, il n’y a rien dans le dossier, pas le moindre indice qui permettrait d’accréditer cette thèse.

Les années passent, les interrogations demeurent

Avec cette nouvelle hypothèse, avec ce nouvel article dans un grand quotidien belge, c'est la confirmation que la tragédie de Sierre est toujours présente dans les mémoires. Le procureur Olivier Elsig le comprend parfaitement. «Avec ce drame, il y a eu une émotion internationale. Alors oui, ça ne m’étonne pas beaucoup que de manière récurrente, même si c’est de plus en plus rare, il y ait un article qui apparaisse dans les médias. Cela fait écho à cette émotion tout à fait extraordinaire que l’on a connu à l’époque». A découvrir, notre reportage ci-dessous.

Thomas Schürch
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