Des députés veulent supprimer le redoublement à l'école obligatoire. Débat

Faut-il supprimer le redoublement à l’école obligatoire ? Quatre députés valaisans issus de partis différents en sont persuadés. Ils ont déposé une motion au Grand Conseil en ce sens.

Il faut changer de philosophie et arrêter de faire redoubler les enfants à l’école obligatoire. C’est la proposition de quatre élus, issus de partis différents. Quatre députés issus des Verts, du PDC du Haut et du Valais romand, ainsi que du PLR en sont persuadés : cette méthode est inefficace, inéquitable et coûteuse – montant estimé pour les redoublants : 5 millions de francs. Ils ont déposé une motion au Grand Conseil pour déraciner cette pratique.

Pour eux, il faudrait oublier ce système qui force quelque 500 élèves par années en Valais à refaire les mêmes cours une deuxième fois. Mieux vaut passer à la promotion automatique, disent-ils. Des exceptions pourraient être consenties pour une minorité d’enfants, environ une cinquantaine par année. Selon Jean-Daniel Melly, écologiste et principal signataire du texte, pour tous les autres élèves, la démarche est nocive.

«Le redoublement est souvent vécu comme un échec, que ce soit du côté des enfants, mais également des parents. Cela apporte beaucoup de frustration et cela peut aller jusqu'à une forme de révolte face à l'école. Ce n'est pas en le punissant qu'on va lui permettre de s'épanouir.»

Réduire les cas de 90%

Une position soutenue par un certain nombre de spécialistes en pédagogie. C’est le cas, par exemple, de Philippe Theytaz. Il est enseignant, ancien directeur d’école et impliqué dans l’accompagnement d’enfants. Pour lui c'est une évidence, il faut déraciner ce système.

« Les recherches mettent en évidence le fait que le redoublement est inefficace, sauf pour 10 ou 15% des élèves», analyse-t-il. Il affirme que c'est nocif sur le plan de la motivation, de l'estime de soi, de la confiance en soi, de l'image de soi. «C'est la meilleure manière pour dégoûter un enfant de l'école», réagit le spécialiste. «Ces enfants trimbalent avec eux ce marquage social, "échec à l'école", "redoublement". Cela a des répercussions plus tard. Pas seulement sur la vie scolaire, mais également sur la vie de tous les jours. Et ça c'est grave.»

«Le redoublement, c'est la meilleure manière pour dégoûter un enfant de l'école.»

Philippe Theytaz, enseignant, ancien directeur, formateur et impliqué dans l'accompagnement d'enfants.

Les débats au Grand Conseil concernant la promotion automatique à l’école obligatoire devraient avoir lieu en mai ou juin de cette année. Et cette proposition risque bien de faire débat. Une grande partie de l’UDC annonce déjà son opposition. Le député EricJacquod – lui-même enseignant à l’école d'agriculture – se positionne du côté du non.

«Recommencer une année peut permettre à un élève de le faire passer de cancre au fond de la classe à très bon élève qui a pu assurer ses connaissances.»

EricJacquod, député UDC, ingénieur agronome et enseignant à l'école de l'agriculture

«Je pense que le redoublement ne doit pas être vu comme un échec qui pénaliserait les enfants qui en sont victimes», explique-t-il. «Cela peut également être considéré comme une aide qui leur évite de traîner des retards scolaires durant une longue période.» Pour lui, cela doit passer également par la formation des enseignants, ce sont eux qui donneront une image positive ou négative de la situation. «Recommencer une année peut permettre à un élève de le faire passer de cancre au fond de la classe à très bon élève qui a pu assurer ses connaissances», conclut l'enseignant-ingénieur agronome.

L’association des enseignants, la SPVal, ne s‘est pas encore positionnée sur cet objet. Elle relève néanmoins que le redoublement est l’un des objets de préoccupation, mais qu’il est à intégrer dans une réflexion globale.

dar
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