Cristina Favre-Moretti fan discrète et admirative de son fils Matteo

Hugo Da Custodia
Journaliste RP

Pour la première fois, Cristina Favre-Moretti sera aux premières loges pour voir son fils, Matteo Favre lors d’une grande étape de Coupe du monde de ski alpinisme en Suisse. C’est dès jeudi à Morgins. Avant cette échéance, l’athlète et sa maman étaient de passage à Rhône FM.

D’un côté la maman, née en 1963, originaire du Tessin et établie en Valais depuis bien longtemps. De l’autre, son fils Matteo, né en 2001. Pas besoin de beaucoup de mots pour décrire cette relation mère-enfant. Une fois la gêne de la première question passée, la discussion s’engage. Bien évidemment ils n’ont pas besoin de nous pour échanger leurs points de vue sur le ski alpinisme, sur la montagne et sur la vie en général. Cependant, ces échanges, une fois le micro allumé, sont toujours très révélateurs du temps qui passe et des mentalités qui évoluent.

Liberté de mouvement

Suivre les pas d’un parent sportif, encore plus quand celui-ci est couronné de succès, n’est jamais chose aisée. Triple gagnante de la Patrouille des Glaciers (1998, 2000, 2004), Cristina Favre-Moretti n’a d’ailleurs pas directement influencé son fils pour que ce dernier fasse de la compétition. Mais elle y a contribué par des touches subtiles, presque invisibles et pourtant omniprésentes.

« Nous ne l’avons ni poussé, ni freiné. Son envie de faire de la compétition est arrivée plus tard. » Cristina Favre-Moretti

 « En tant que parents nous avons toujours essayé de l’amener vers des sports que l’on connaissait déjà. C’était aussi plus simple pour partager des moments en famille. L’athlétisme comme maman, le football comme papa. » Les sports d’hiver aussi, naturellement. « On a la chance d’avoir un chalet à Zinal, reprend Cristina Favre-Moretti. Donc Matteo s’est essayé au ski de fond, au ski alpin, ski de randonnée. Nous ne l’avons ni poussé, ni freiné. L’envie de faire de la compétition est arrivée plus tard. »

Qualités innées

La version de la maman est rapidement confirmée par le sportif âgé de 20 ans. « Au début je n’avais pas cet esprit de compétition et pourtant j’avais quand même de bons résultats. C’est à ce moment-là que j’ai compris que mes parents m’avaient bien formé. » Très à l’aise dans un environnement qu’il a, malgré lui parfois, toujours fréquenté, Matteo Favre se prend au jeu. Pour les amis et les rencontres d’abord, pour la culture du succès ensuite. « Ce qui m’a vraiment motivé c’est ma première course par équipe, lors de la Pierra Menta. L’épreuve m’attirait bien sûr mais je n’étais pas autant motivé que mon ami français qui l’a effectuée avec moi. En découvrant l’ambiance, j’ai trouvé cela génial. »

« Ce qui me rassure, c’est que j’ai encore une marge de progression. » Matteo Favre

La suite de son parcours est jalonnée par des étapes logiques, finalement assez similaires à d’autres sportifs, avec en prime une évolution constante. Centre régional, équipe de Suisse, les portes s’ouvrent. L’ambition grandit. « Tout s’est enchaîné rapidement, confirme-t-il. A chaque compétition, les résultats étaient meilleurs. Ce qui me rassure, c’est que j’ai encore une marge de progression. »

Un même sport, deux réalités

Fière du parcours de son fils, qui a d’ailleurs fêté une victoire en Coupe du monde chez les U23 cet hiver (ndlr : succès en sprint en Italie le 16 décembre dernier), Cristina Favre-Moretti confirme d’emblée qu’elle ne pratiquait pas tout à fait le même sport. « Il y a 20 ans on faisait de la peau de phoque, dit-elle dans une formule simple et très sensée. Les choses ont bien évolué. Pas seulement au niveau du matériel mais aussi au niveau des entraînements. »

« La mentalité a beaucoup changé. C’était plus détendu avant. » Cristina Favre-Moretti

Les structures se sont professionnalisées, la performance est devenue centrale. Sans vouloir utiliser des termes péjoratifs, l’ancienne athlète parle d’une ambiance populaire. « La mentalité a beaucoup changé. C’était plus détendu avant. J’ai bien aimé cette période. Peut-être parce que je n’ai connu que ça. Et puis, je suis arrivée assez tard sur le ski alpinisme. Je ne suis pas certaine que le plaisir aurait été le même si le sport avait été autant professionnel que maintenant. »

Le sprint avant le reste

On ne saura jamais si Cristina Favre-Moretti aurait pu percer dans le ski alpinisme tel qu’on le pratique actuellement. Ce qui est sûr, c’est que son fils a trouvé sa propre voie. Et que celle-ci s’inscrit directement dans la ligne de toutes les évolutions amorcées il y a plusieurs années déjà. Son truc à lui, c’est le sprint. Un véritable condensé de tout ce que ce sport peut offrir en un minimum de temps, avec des manipulations, des portages et du spectacle.

« Le sprint, c’est ce qui me demande le moins de temps au niveau de la préparation pour l’instant. » Matteo Favre

 « C’est plus attractif pour les spectateurs et c’est aussi très ludique », approuve la maman. « Le sprint c’est mon focus numéro un », enchaîne le fils. Les raisons de cet attrait sont multiples. Pour Matteo Favre, étudiant à l’EPFL, il s’agit d’optimiser au mieux les créneaux à disposition. Il complète. « Le sprint, c’est ce qui me demande le moins de temps au niveau de la préparation. C’est là que je réussis le mieux. Ce n’est pas définitif car mes ambitions se trouvent aussi au niveau du classement général. J’adore le sprint mais ce qu’il y a de plus beau c’est de faire des compétitions individuelles sur les arrêtes en montagne. » En attendant de pouvoir consacrer plus de temps à son sport, Matteo Favre profite de chaque épreuve à son calendrier pour faire valoir ses qualités. Ce jeudi, il sera au départ du sprint de Coupe du monde prévu à Morgins et pour une fois, sa maman Cristina Favre-Moretti, sera dans les parages pour le soutenir.

HDC
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