Commentaire: le FC Sion a eu ce qu'il cherchait depuis longtemps
La corde était tendue depuis bien trop longtemps pour qu'elle ne finisse pas par céder. Le FC Sion a vécu mardi soir la 4ème relégation de son histoire. Une issue aussi triste que logique. Notre commentaire.
C’était il y a huit ans jour pour jour. C’était le 7 juin 2015. Porté par tout un canton, le FC Sion écrivait l’une des plus belles pages de son histoire. Dans un Parc Saint-Jacques en grande majorité rouge et blanc, le club valaisan écrasait le grand FC Bâle dans son antre. 3-0. Treizième finale de Coupe de Suisse. Treizième sacre. Treizième étoile. Les Sédunois semblaient alors sur le toit du Monde. Nuit d’ivresse sur la Planta et aux quatre coins du Valais.
Huit ans plus tard, c’est avec une toute autre gueule de bois que le FC Sion s’est réveillé ce mercredi. Du toit du Monde, il est tombé plus bas que terre. Cette fois, c’est lui qui se retrouve dans le rôle du prétendu grand ayant reçu une leçon du petit. Son bourreau se nomme Stade Lausanne Ouchy. Un club qui militait encore en 4ème division ce fameux 7 juin 2015 mais qui vient donc de lui chiper sa place dans l’élite au terme d’un barrage dans lequel il n’a jamais vraiment existé. Dix-sept ans plus tard, le pensionnaire de Tourbillon quitte la Super League. C’est évidemment regrettable mais c’est surtout logique, tant il y a bien longtemps qu’il ne semblait plus vouloir se battre avec les meilleurs.
«6 saisons à toucher le fond, la relégation comme consécration.» Déployée lors du match aller du barrage samedi à Tourbillon, cette banderole des supporters du Gradin Nord résume à elle seule la situation d'un club qui a pris un vilain plaisir à jouer avec le feu de manière constante depuis 2017. Depuis cette année où le FC Sion a perdu ce qui faisait de lui un club mythique, à part à l’échelle du football suisse et même mondial. Impossible en effet de ne pas voir en cette première défaite en finale de Coupe de Suisse, cette revanche du 7 juin 2015 perdue sur le même score face à Bâle à Genève, le point de bascule l’ayant entraîné où il en est aujourd’hui.
Une descente aux enfers résumée par des chiffres affolants
Les statistiques sont suffisamment parlantes pour en témoigner. Depuis 2017, le FC Sion n'a jamais fini plus haut que la 6ème place en championnat. Dans cet intervalle il n'a remporté que 59 matches de Super League sur 216 (tout juste un peu plus du quart). À Tourbillon, cette ancienne forteresse imprenable transformée en véritable château de cartes, il n'a fêté que 26 succès en...108 sorties. Des bilans faméliques que les 17 (!) rocades opérées sur le banc ces six dernières années n'ont jamais semblé en mesure d'améliorer. De Paolo Tramezzani à...Paolo Tramezzani, ils sont douze au total (Christian Constantin compris) à avoir dirigé la formation sédunoise. Pire encore sur le terrain, 105 joueurs différents peuvent se targuer de compter au moins une apparition sous le maillot rouge et blanc.
Malgré cette instabilité chronique, chaque année s’est accompagnée des mêmes espoirs pour les supporters, peut-être un brin naïfs mais surtout très passionnés, du club. Fort d’un mercato estival qui se voulait à chaque fois prometteur, le FC Sion devait s’éviter les tourments de l’exercice précédent. Problème? Ses innombrables recrues, ses renforts attendus n’en ont finalement eu que le nom. Des exemples parmi tant d’autres? Valon Behrami, le «guerrier du milieu de terrain», parti après seulement trois mois en Valais. Seydou Doumbia, l’ex-sérial buteur d’YB et Bâle, licencié pour ne pas avoir réduit son salaire au début de la crise sanitaire. Idem pour Johann Djourou, ancien international appelé à devenir le patron de la défense. On s’arrête à ces trois noms car la liste des coups foireux réalisés sur le marché des transferts serait bien trop longue.
2022/2023: le «best-of du pire»
Cette 4ème relégation de l’histoire est venue clore un exercice 2022/2023 qui aura vu le pensionnaire de Tourbillon nous offrir un «best-of du pire» de ce qu’il a produit ces six dernières années. Des transferts sexys sur le papier qui se sont révélés être des immenses déceptions, des joueurs incapables de se faire violence et d’incarner un tant soit peu les valeurs sur lesquelles a été bâti ce club qui les paie grassement, des changements d’entraîneurs à la pelle, des déboires et des litiges extra-sportifs à répétition mais surtout d’innombrables camouflets. D’un 7-2 historique face à Saint-Gall en novembre à un 6-2 au cumul des deux rencontres de ce barrage face au SLO en passant par d’autres claques, contre les Brodeurs à nouveau (deux fois 0-4), contre YB (0-4) et pire encore, dans le derby du Rhône contre Servette (0-3 après 9 minutes, 0-5 au final).
Quelques minutes après le coup de sifflet final mardi soir à la Pontaise, l’entraîneur Paolo Tramezzani disait ne pas vouloir chercher les coupables de ce cuisant échec sportif. Des coupables qui sont forcément nombreux. D’abord ces joueurs qui n’ont pour la plupart jamais semblé prendre la mesure de l’institution qu’ils étaient en train de couler. Ensuite ces entraîneurs qui se sont succédés sans qu’aucun d’eux ne parvienne réellement à trouver la recette gagnante. Mais surtout ces dirigeants qui ont totalement perdu pied, transformant la gestion d’un club prétendument professionnel en grand n’importe quoi.
Avec ses moyens plus que limités, le Stade Lausanne Ouchy vient de leur prouver à quel point construire un effectif qui gagne ne se fait pas seulement en empilant les «grands noms» au sein du vestiaire. Mario Balotelli était le plus gros coup du duo Christian-Barthélémy Constantin? Il est surtout le symbole de leur plus gros échec. Le directeur sportif nous disait en décembre dernier que le FC Sion devait tout faire pour être en Champions League l’an prochain. Bilan des courses? Son unique déplacement hors des frontières le conduira au Rheinpark de Vaduz. La Coupe de Suisse était le principal objectif de la saison du club sédunois? C'est avec «coach CC» sur le banc qu'il a été éliminé sans gloire dès les quarts de finale face à Lugano (0-3). Le président répète depuis des mois son intention de se retirer du football professionnel et de remettre la formation valaisanne a une place qui correspond davantage - selon lui - aux ressources financières de notre canton. C'est là peut-être l'unique chose sur laquelle il sera parvenu à ses fins cette saison. Le constat est triste mais réaliste: le FC Sion a eu ce qu'il cherchait depuis longtemps. Relégué en Challenge League, il ne méritait tout simplement plus d'évoluer au niveau supérieur.