Christophe Beney : du coeur du conflit ukrainien à la présidence d'Ayent

Didier Morard
Journaliste

Le Valaisan Christophe Beney a vécu et travaillé entre 2015 et 2016 au cœur des régions que se disputent la Russie et l'Ukraine : Donetsk et Louhansk.

La ville ukrainienne de Kherson était sur le point de tomber en main russe lorsque Christophe Beney nous accueillait ce mercredi dans son bureau de la commune d'Ayent. Il faut dire que l'Ayentôt a séjourné il y a six ans en arrière dans cette ville du sud de l'Ukraine. Celui qui est devenu depuis président de la commune d'Ayent était chef de mission pour l'OSCE [l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] dans les deux régions sécessionnistes de Donetsk et Louhansk entre 2015 et 2016. " On avait comme mandat d'observer le cessez-le-feu et de faire des rapports aux états membres de l'OSCE. Il y avait à l'époque les accords de Minsk quand il y a eu le cessez-le-feu entre les deux parties et notre mandat était de faire des rapports très objectifs sur la véritable situation qui se passait sur le terrain. Comme on voit aujourd'hui, la vérité elle se passe qu'une seule fois, au moment où les choses se déroulent. Une fois que l'évènement est passé, les parties ont tendance à avoir une lecture qui est souvent assez subjective des évènements qui se sont déroulés", explique Christophe Beney.

"Extrêmement surpris par la violence et les moyens utilisés par la Russie."

Christophe Beney

L'élu démocrate-chrétien avoue tout de même avoir été surpris par l'invasion russe il y a sept jours. " Le statu quo qui existait entre l'Etat ukrainien et ces deux provinces sécessionnistes de Louhansk et Donetsk ne pouvait pas tenir à long terme. Mais une telle ampleur, ça a surpris tous les gens qui suivent la région. Extrêmement surpris par la violence et les moyens utilisés par la Russie", indique Christophe Beney.

Deux régions au cœur du conflit

Les deux régions sécessionnistes de Donetsk et Louhansk ont été les premiers lieux envahis par la Russie dans l'actuelle guerre menée par le Kremlin. Mais le conflit dans ces régions de l'Est n'est pas nouveau. " Le nœud du problème à l'époque c'était à quel point ces milices pro-russes, qui gouvernaient dans ces provinces, étaient soutenues politiquement, financièrement ou militairement par la Russie. C'était déjà un sujet de discorde", se rappelle Christophe Beney.

"On ne peut absolument pas parler de dénazification de l'Ukraine."

Christophe Beney

Quant à la "dénazification" évoquée par le président russe Vladimir Poutine pour justifier son opération militaire, Christophe Beney dément les propos de Moscou. " C'est totalement exagéré. Comme dans tous les pays d'Europe, il y a une frange de la population qui est très à droite. Mais on ne peut absolument pas parler de dénazification de l'Ukraine", précise le président PDC d'Ayent.

Un conflit parti pour durer ?

Si Christophe Beney s'est dit surpris par l'invasion russe malgré les tensions vives depuis des années dans la région, il espère une désescalade du conflit par la voie diplomatique. "J'ai souvent eu l'opportunité dans ma vie professionnelle de travailler dans les régions conflictuelles. On avance très loin pour ensuite dans le cadre des négociations reculer, puis obtenir ce qu'on veut au minimum. J'espère qu'il n'y aura surtout pas d'escalade. Dans les médias, on parle du potentiel nucléaire des deux parties au conflit. On espère qu'on en n'arrivera pas là et que le conflit se résolve de manière diplomatique", espère Christophe Beney.

"On avance très loin pour ensuite dans le cadre des négociations reculer."

Christophe Beney

Autre moyen pour stopper la guerre : la révolte de la population russe. Peut-elle lâcher son président Vladimir Poutine ? Christophe Beney – qui a aussi travaillé plusieurs années en Russie – n'y croit pas vraiment. " Le constat que je fais, c'est qu'il n'y a pas sur le terrain de véritable caisse de résonance comme on pourrait avoir dans nos pays quand il y a des activistes qui défendent une cause. En Russie, les gens ont tellement d'autres préoccupations au quotidien, le pays est tellement énorme que c'est très difficile d'avoir cette caisse de résonance qui pourrait avoir une influence sur les décisions qui sont prises", regrette pour conclure Christophe Beney.

DM
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