Le constat est sans appel : les vibrations provoquées par les quelque 3’000 véhicules qui empruntent quotidiennement la route cantonale du val d’Hérens fragilisent les pyramides d’Euseigne, traversées par un étroit tunnel depuis 1947. Afin d’améliorer la sécurité et le confort des usagers, pour préserver ces formations géologiques classées dans l’inventaire des paysages, sites et monuments naturels d’importance nationale, un nouveau tunnel est en construction.
Ce mardi matin c'était le commencement officiel des travaux. Sur place à Euseigne, de nombreuses personnalités étaient présentes afin de présenter le chantier. Situé à environ 40 mètres au sud de l’actuel tunnel, long de 120 mètres, cet ouvrage permettra le croisement des poids lourds et des cars postaux, actuellement impossible.
Il profitera également aux visiteurs qui, actuellement, longent la route cantonale à pied afin d’observer les pyramides. De plus à terme, la commune d’Hérémence entend réaménager les lieux. L’ancien tracé sera converti en espace piétonnier permettant de visiter les formations géologiques en toute sécurité. Un pavillon touristique est actuellement à l’étude, abritant notamment une terrasse, un espace d’exposition ainsi qu’une salle de projection. Alors, tout est parfait ? Pas totalement.
Car des travaux qui creusent la montagne, c'est prendre le risque de fragiliser le site. Les autorités l'assurent : un maximum de précautions a été pris pour s’assurer que les blocs noirs qui coiffent les pyramides ne chutent pas durant les travaux de forage. Pourtant, certains "chapeaux", pesant jusqu’à 20 tonnes, sont déjà en équilibre précaire et peuvent s’effondrer naturellement à tout moment, victimes de l’érosion. Les pyramides se trouvent en effet sur un terrain morainique qui se transforme en boues lors de fortes pluies. Des chutes de pierres ou des coulées de boue sont d’ailleurs régulièrement recensées aux abords de la route actuelle.
"Non seulement elles peuvent tomber... Mais tôt ou tard, elles vont tomber, c'est la nature qui le veut" Vincent Pellissier, chef du Service valaisan de la mobilité
Interrogé sur le sujet par Rhône FM, le chef du Service de la mobilité Vincent Pellissier évite la langue de bois, "Non seulement les pierres peuvent tomber, mais tôt ou tard elles vont tomber, c'est la nature qui le veut. L'important pour nous, c'est d'éviter que le chantier n'en fasse tomber une. Mais on ne peut malheureusement pas l'exclure". Ecoutez notre interview :
Même son de cloche du côté du président d'Hérémence Grégory Logean : "La chute d'une pierre est un risque, certes. Mais paradoxalement ce tunnel permettra sur la durée d'avoir moins de contrainte sur les pyramides, et donc cela augmentera leur espérance de vie. Dans toute oeuvre humaine entreprise, il peut y avoir des risques, mais ils sont limités au maximum. Les pyramides sont un processus évolutif, certaines pierres tiennent en équilibre... Les voies de la nature sont parfois impénétrables."
"Les voies de la nature sont parfois impénétrables" Grégory Logean, président d'Hérémence
Ce mardi matin sur place devant les pyramides, preuve de l'importance d'un tel projet, la présence du conseiller d'Etat valaisan en charge de la mobilité, du territoire et de l'environnement. Ecoutez l'interview de Franz Ruppen, pioche à la main, réalisée par Rhône FM :