Bus sédunois : près d'un tiers des chauffeurs ont quitté CarPostal en quelques mois
Les bus sédunois font face à des départs massifs de leurs chauffeurs. En quelques mois, près d’un tiers des conducteurs ont quitté le navire CarPostal. Ils dénoncent des conditions de travail exécrables. Enquête.
La grogne monte aux bus sédunois. Depuis plusieurs mois, une quinzaine de chauffeurs – sur 52 – ont quitté leur emploi chez CarPostal, qui exploite le réseau des bus sédunois. Contactée, l’entreprise confirme ces départs et indique mener actuellement des investigations pour connaître les raisons de ces désertions massives. Les chauffeurs qui ont quitté le navire dénoncent des conditions de travail exécrables et des horaires à rallonge avec des temps de présence au travail de plus de 13 voire 14 heures sur une seule journée. «Il n’y a plus de vie sociale et familiale. On est toujours sur le terrain, derrière notre volant. Les amplitudes des journées sont trop longues», dénonce épuisé Sébastien*, un chauffeur des bus sédunois, qui a démissionné après plus de six ans chez CarPostal. «Certains circuits peuvent durer jusqu’à cinq heures, sans arrêt, sans pause café ou toilette. C’est rouler, rouler, rouler.»
Les collègues sont à la limite de craquer. La pression est trop trop forte. Ça nous atteint psychologiquement.
Sébastien, chauffeur démissionnaire chez CarPostal
A contrario, il y a aussi des grandes pauses, parfois non-payées si moins de deux heures, où les chauffeurs se retrouvent à attendre leur prochaine course. «Pour ceux qui habitent à proximité, ils peuvent rentrer chez eux. Pour les autres, il faut attendre que le temps passe pour reprendre le service», explique Sébastien. Outre les horaires, les conducteurs dénoncent des semaines de travail avec parfois sept à dix jours d’activités sans congé.
En conséquence, les chauffeurs sont atteints dans leur santé. Ils parlent de surmenage, de mal-être, de pression insurmontable. «J’ai moi-même eu un problème de surmenage. D’autres collègues sont à la limite de craquer. La pression est trop trop forte. Ça nous atteint psychologiquement.» CarPostal Suisse assure de son côté mettre tout en place pour offrir les meilleures conditions à ses employés. «Nous nous efforçons de mettre tout en œuvre pour une planification optimale, c’est-à-dire une conciliation entre les horaires des cars postaux et des plans de service des conducteurs», réagit Valérie Gerl, porte-parole de CarPostal Suisse.
Les syndicats avisés
Une pétition a été lancée pour dénoncer ces conditions de travail. Mais force est de constater que le dialogue était rompu avec la direction. «Le directeur était contre la discussion et le dialogue. Il était assez méprisant et condescendant envers ses employés,» regrette Sébastien. Face à cette impasse, les syndicats ont été avisés le mois dernier et des discussions ont été lancées avec la direction romande de CarPostal. Selon un courrier interne adressé aux conducteurs – et dont Rhône FM s’est procuré une copie - on apprend que le directeur de CarPostal Valais romand a quitté ses fonctions en début de semaine, le 24 octobre 2022. L’entreprise a confirmé ce départ mais n’a pas souhaité préciser s’il s’agissait d’une démission ou d’un licenciement. Aujourd’hui, les syndicats espèrent renouer le dialogue. «Les signaux sont encourageants. Une séance a été agendée cette semaine. Nous espérons des améliorations concrètes très vite pour que les chauffeurs puissent souffler», indique Nicolas Irus, secrétaire régional chez Syndicom Valais-Fribourg. Le syndicaliste précise que le mécontentement touche principalement le site de Sion mais que des chauffeurs de Martigny ont aussi dénoncés les conditions de travail.
CarPostal Suisse précise dans sa prise de position que ces départs massifs de chauffeurs n’affecteront pas les dessertes des lignes de bus. « Toutes les courses sont assurées», indique Valérie Gerl, porte-parole de CarPostal Suisse.
*Sébastien : nom connu de la rédaction