1946 : un gros séisme ébranle le Valais. 75 ans après, le Valais n'est toujours pas prêt.
Il y a exactement 75 ans, le terre tremblait en Valais. Fort. Un gros séisme qui ne sera pas le dernier. D'où la nécessité de se souvenir pour se préparer. Et il y a beaucoup à faire car le risque reste manifestement sous-évalué par la population. Aujourd'hui, le Valais n'est pas prêt.
Vendredi 25 janvier 1946. Il y a 75 ans jour pour jour. Il est 18h32. Il fait nuit et froid en Valais. Et la terre se met à trembler. Elle tremble même fortement. C'est le dernier gros séisme que le Valais a vécu, après ceux de 1755 et 1855. La magnitude atteint 6.1 sur l'échelle de Richter ou 5.8 sur l'échelle utilisée actuellement, l'échelle de moment.
L'épicentre se situe dans la région du Rawyl mais c'est à Sierre, enneigée, que la secousse est le plus vivement ressentie. Le service sismologique suisse l'appelle d'ailleurs le "séisme de Sierre".
Le lendemain, on dénombre trois morts dans le canton : deux femmes et un enfant malade, victimes indirectes. Le choc. Il faut y ajouter à Aix-les-Bains, en Savoie, un mécanicien écrasé sous un camion après que le cric a cédé.
3500 bâtiments, au moins, sont endommagés, essentiellement dans le Valais central mais aussi dans la région de Monthey et dans le Haut-Valais.
La confusion des premières heures
Au départ, on localise l'épicentre du tremblement de terre dans le canton de Berne. C'est le cas du "Nouvelliste valaisan", le samedi 26 janvier. Mais le tir est corrigé le lendemain, le dimanche – car à l'époque le "Nouvelliste" paraissait le dimanche –. Il rapporte alors que le clocher de l'église Notre-Dame-des-Marais, à Sierre, n'a pas résisté. Idem pour le clocher de l'église de Chalais. A Sion, le Palais du Gouvernement a subi des dégâts importants de même que plusieurs hôtels et la Banque populaire. Pendant toute la nuit du vendredi au samedi, les habitants étant effrayés voire paniqués, la Place de la Planta est restée "noire de monde", ajoute le "Journal et Feuille d'Avis du Valais et de Sion" du 28 janvier.
Un peu plus bas dans la vallée du Rhône, à Ardon, le sommet de l'église paroissiale s'est déplacé et menace de s'effondrer, l'église d'Ardon, "un des plus beaux monuments historiques du Valais central", soupire le "Nouvelliste".
Ardon, c'est aussi le village de Freddy Bérard. Il avait huit ans et demi au moment des faits et n'oubliera jamais…
Les répliques entretiennent l'angoisse et usent la population
De nombreuses répliques se produiront les jours, semaines et mois suivants. 517 ont été dénombrées jusqu'à la fin 1946 dont une, presque aussi puissante, le 30 mai, jour de l'Ascension. Suite à cela, l'évêque de Sion ordonne des processions.
Emmanuel Reynard, directeur du Centre interdisciplinaire de recherche sur la montagne et président du comité d'organisation des événements liés aux 75 ans de ce dernier grand séisme de Suisse.
75 ans après, il est important de "Se souvenir pour se préparer". C'est le slogan sous lequel ont été placés les événements liés à la commémoration de ces épreuves de 1946. Car les experts sont formels : la probabilité qu'un nouveau tremblement de terre d'intensité comparable secoue le Valais d'ici 2050 est très élevée. Cela pourrait se produire demain.
Raphaël Mayoraz, géologue cantonal.
Le scénario de l'Observatoire cantonal des risques est celui d'un séisme de magnitude 6 qui provoquerait de 100 à 300 morts, jusqu'à 1000 blessés et 10'000 sans-abri et occasionnerait des dégâts de plus d'un milliard de francs, de très loin supérieur au 26 millions (en francs constants) de 1946. En trois quarts de siècle, la plaine du Rhône s'est en effet beaucoup construite et est bien plus densément peuplée.
Emmanuel Reynard.
En 2021, le Valais n'est pas prêt
Idéalement, après la secousse, chaque Valaisan devrait pouvoir tenir 48 heures en toute autonomie, grâce à des réserves et un kit de survie. Or, on en est loin selon les instances cantonales qui prévoient des opérations de sensibilisation.
Raphaël Mayoraz.
Ensuite, il faudra également vérifier s'il est possible de réintégrer les logements. Sur ce point-là, par contre, le Valais est à la page et même pionnier en Suisse. S'inspirant des expériences italiennes, il a formé une cinquantaine d'ingénieurs "post-sismiques" capables d'évaluer rapidement si une habitation présente un risque ou non.
Olivier Luyet, chef de l'office cantonal de la protection de la population.
Afin, donc, de ne pas oublier et de se préparer, une exposition sera organisée à la Médiathèque Valais de Sion, en principe en mars, qui circulera ensuite dans tout le canton et les cycles d'orientation dès que la situation sanitaire le permettra. A Sion également, un parcours didactique et ludique est en cours d'installation. Il devrait être prêt à la fin février. Et pour conclure cette commémoration, une conférence grand public est prévue le 28 mai, toujours à Sion. Elle coïncidera à peu près avec l'importante réplique du 30 mai 1946.
Sur le front opérationnel, un concept cantonal a été élaboré qui s'articule autour de quatre axes : prévention, préparation, intervention, rétablissement. Un gros exercice d'état-major est planifié l'an prochain, baptisé "Terra 22".
De l'eau potable
Des aliments de longue conservation
Une trousse de premier secours
Une radio
Une lampe torche avec piles de rechange
Des vêtements chauds
Une couverture de survie
Une copie des papiers personnels
Un peu d'argent liquide
Pour plus d'informations : Centre Pédagogique Prévention Séisme (CPPS)