Vider son aquarium dans la nature : une menace pour la biodiversité
Vider son aquarium dans la nature est une très mauvaise idée. Les animaux et les plantes exotiques deviennent vite une menace pour la biodiversité. En Valais, toutes les régions seraient touchées. La question préoccupe le canton, qui pourrait lancer une campagne de sensibilisation prochainement.
Relâcher son poisson rouge ou sa tortue de Floride, vider son aquarium dans la nature : le geste paraît anodin, mais c'est tout le contraire.
Biodiversité en danger
Il faut faire très attention en se débarrassant des animaux et des plantes exotiques qui vivent dans un aquarium. Et les rejeter dans la nature est même interdit par la loi, selon Yann Triponez, biologiste au Services des forêts, de la nature et du paysage.
La raison : ils sont une menace pour la biodiversité. Certaines espèces peuvent vite devenir envahissantes et nuire à la faune et la flore locales. «Nous avons constaté par exemple de grosses invasions d'élodée du Canada, une plante aquatique américaine vendue pour les aquariums, dans différents plans d'eau, comme à Champex-Lac ou Crans-Montana. Cette plante a tendance à envahir les plans d'eau et toute la diversité disparaît», explique Yann Triponez.
«L'élodée du Canada est une plante aquatique qui détruit nos cours d'eau et nos étangs.»Yann Triponez, biologiste au Service des forêts, de la nature et du paysage
«Nous avons aussi des cas de tortues de Floride, que nous avons retrouvées dans de nombreux plans d'eau, dans la région de Sion à Montorge, dans la région de Sierre et aussi dans le Chablais.»
Chaque année, le Service des forêts, de la nature et du paysage reçoit des annonces. «Des poissons rouges ou des carpes d'ornement sont régulièrement signalées. Elles finissent par arriver dans des mesures de compensation pour les batraciens par exemple, à la base non destinées aux poissons.»
Méthodes d'élimination
La question préoccupe le canton. Il y a deux ans, il a mandaté une personne pour aller vérifier la présence de plusieurs espèces de plantes aquatiques envahissantes. Selon cette étude, l'élodée du Canada serait présente dans toutes les régions, aussi bien en plaine qu'en montagne jusqu'à 1'800 mètres d'altitude, de la région de Viège jusqu'au bord du Léman.
Et pour éradiquer ces plantes et ces animaux exotiques, plusieurs méthodes existent. «Pour les animaux, selon les espèces, cela peut être relativement simple. On peut capturer une tortue ou faire une pêche électrique contre les plus gros poissons. Mais dès qu'il y a reproduction et de plus petits individus, cela peut devenir très compliqué», reconnaît Yann Triponez.
«Éliminer les animaux exotiques devient vite compliqué quand il y a reproduction.» Yann Triponez, biologiste au Service des forêts, de la nature et du paysage
«Pour les plantes, c'est encore plus difficile. Parce que dès qu'un morceau de plante se détache, il a une faculté à venir s'enraciner un peu plus loin. Nous devons donc être très vigilants.»
Éliminer une plante aquatique invasive implique souvent de vider les plans d'eau, puis d'évacuer tout le matériel avec les plantes dans un endroit approprié. «Il suffit qu'il reste quelques graines ou quelques morceaux de plantes, et cela peut repartir très facilement», rappelle Yann Triponez.
Campagne de sensibilisation
Pour sensibiliser le public à cette question, une campagne a eu lieu au début de l’été en Suisse alémanique, sous le slogan "Unsere Gewässer sind keine aquarien" (Ndlr. Nos eaux ne sont pas des aquariums).
Elle rappelle que les animaux d’aquarium, l’eau des aquariums et les plantes aquatiques exotiques n’ont pas leur place dans nos cours d'eau.
«Les poissons qui vivent en aquarium n'ont rien à faire dans nos cours d'eau.» Yann Triponnez, biologiste au Service des forêts, de la nature et du paysage
Elle indique également que l’achat d’animaux et de plantes doit être soigneusement réfléchi. Enfin, la personne qui ne peut plus garder son animal de compagnie doit chercher un autre foyer adapté ou contacter un centre de secours.
Selon Yann Triponez, une telle campagne est prévue dans un futur proche en Valais.
La commune de Crans-Montana est intervenue en 2021 et 2022 dans les lacs d'Ycoor (photo) et de Grenon, où l'élodée du Canada posait problème.
© Commune de Crans-Montana