Une dizaine de cas de traite d'êtres humains dénoncés en Valais en un an
Rencontre avec le nouveau directeur de l'AVIT, la structure spécialisée de lutte contre la traite des êtres humains, créée par le canton, il y a un an.
La structure spécialisée contre la traite des êtres humains en Valais est désormais opérationnelle. Sa création a été annoncée il y a juste un an, à l'occasion de la journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains qui a eu lieu le 18 octobre. Le conseiller d'Etat Mathias Reynard avait alors lancé un plan d'action dans ce domaine, annonçant une tolérance zéro à l'égard de l'exploitation sexuelle ou du travail forcé.
Cette stratégie du canton était basée notamment sur une structure spécialisée, qui est désormais opérationnelle. Baptisée AVIT - pour association valaisanne de soutien aux victimes et témoins de traite des êtres humains – elle est présidée par l'ancienne conseillère nationale Gabrielle Nanchen. Et elle dispose désormais aussi d'un directeur.
David Dandrès est entré en fonction à la fin de l'été, après une longue carrière dans l'humanitaire, qui est passée notamment par le CICR. Il sera bientôt à la tête d'une petite équipe de trois personnes. Il se réjouit de pouvoir offrir un soutien spécialisé aux victimes de traite d'êtres humains.
Un nombre de cas qui devrait exploser à l'avenir
En un an, l'AVIT a pris en charge une dizaine de cas. C'est peu mais le phénomène est très peu visible en Valais, souligne David Dandrès. L'expérience dans les cantons voisins a montré que le nombre de dénonciations augmente une fois qu'une structure spécialisée existe, précise-t-il encore.
"Le canton de Vaud avait, il y a dix ans, moins d'une dizaine de cas. Il est passé aujourd’hui à une centaine. Nous devrions certainement vivre une situation similaire en Valais. Car les trafiquants ne s'arrêtent pas à la frontière cantonale", souligne David Dandrès.
Son interview:
Neuchâtel et Fribourg inspirés par le Valais
La politique volontariste mise en place en Valais fait d'ailleurs des envieux ailleurs en Suisse romande. "Nous échangeons avec les cantons de Neuchâtel et de Fribourg qui oeuvrent à mettre en place des systèmes similaires", rapporte encore le directeur de l'AVIT.
Si le canton a fait oeuvre de pionnier en la matière, c'est aussi parce qu'un rapport national le classe "à risque" dans ce domaine. Cela est dû à sa position géographique, à la frontière avec l'Italie ou la France. Mais aussi à l'importance du tourisme et de l'agriculture dans le tissu économique.
"Dans ces domaines, il y a eu par le passé – et il existe encore aujourd'hui – des cas d'abus où des personnes se retrouvent dans des conditions épouvantables, enfermées, privées de leur passeport, à devoir travailler quasiment 24 heures sur 24", souligne David Dandrès.
La formation en priorité
Pour que ces cas puissent être détectés, il faut toutefois que les partenaires de terrain - police, services médicaux, office de l'asile ou service de la protection des travailleurs par exemple - sachent les reconnaitre. La sensibilisation est donc la priorité de l'année 2025 pour l'AVIT.
"Il faut que l'on fasse connaitre l'organisation à tous les acteurs qui peuvent entrer en contact avec les victimes de traite (…) pour que cela devienne une problématique connue et reconnue dans le canton du Valais", note le directeur de l'association.
Les hommes aussi concernés
David Dandrès attire l'attention sur le fait que la traite des êtres humains ne concerne pas uniquement l'exploitation sexuelle des femmes. Quelque 30 à 40% des 200 cas dénoncés l'an dernier en Suisse concernaient des hommes.
En Valais aussi, des cas similaires existent. Le directeur de l'AVIT évoque le cas d'un jeune Guinéen, exploité par des trafiquants de drogue en Italie. Il est parvenu à s'enfuir et à dénoncer les faits en Suisse. "Il voulait que la police puisse démanteler ce réseau et il a voulu porter plainte. Nous avons pu l'accompagner dans cette démarche juridique", explique David Dandrès.
L'AVIT est joignable grâce à son site internet ici