Procès mot-croisé polémique : deux artistes doivent répondre de diffamation à Sion
Le tribunal du district de Sion juge ce matin l’affaire du mot-croisé publié en 2023 dans Le Nouvelliste. L’UDC du Valais romand accuse l’artiste Léo Thiakos et le curateur Nicholas Marolf d’atteinte à l’honneur. Les deux hommes contestent toute intention diffamatoire.

Une grille de mots croisés devenue pièce à conviction débarque devant la justice valaisanne.
Deux hommes comparaissent ce mardi devant le tribunal de district de Sion : Léo Thiakos, artiste et graphiste. Et Nicholas Marolf, curateur. Ils sont accusés par l’UDC du Valais romand de diffamation, voire calomnie.
Une œuvre publiée en 2023 au cœur du litige
Les faits remontent à 2023. Le 18 novembre, une grille de mots croisés, présentée comme une œuvre artistique, paraît dans la page Culture du Nouvelliste. Le casse-tête associe plusieurs acteurs politiques et économiques à des définitions volontairement provocatrices.
Une définition ne passe pas : celle qui vise l’UDC. En trois lettres : "parti politique suisse raciste, xénophobe, homophobe…". L’UDC du Valais romand dépose très vite plainte contre l’auteur, puis son curateur, considérant qu’il s’agit d’une attaque directe contre son honneur.
Une définition contestée au centre de la plainte
Le Ministère Public retient la diffamation. Selon les termes contenus dans l'acte d'accusation, "les auteurs ont sciemment porté atteinte à la réputation du parti, en sachant que la formation politique et les membres qui la composent ne sont pas identiques".
Les deux artistes risquent une peine de trente jours-amende avec sursis, assortie d’une amende et des frais de procédure.
Une démarche artistique revendiquée par les prévenus
Deux ans après, les deux accusés continuent de réfuter ces accusations. Léo Thiakos et Nicholas Marolf défendent une démarche artistique assumée. Leur œuvre, "certes satirique et polémique, n’est pas un appel à la haine". Et surtout, elle repose sur des références "journalistiques, documentées et vérifiables, qui ont été remis à la police dans le cadre de l’instruction."
Le curateur, Nicholas Marolf, affirme en tout cas qu’ils "resteront cohérents et iront jusqu’au bout." Ce dernier, domicilié à Vevey, a d’ailleurs poussé la démarche plus loin en vue de cette audience : leur acte d’accusation a été reproduit en plusieurs exemplaires grand format, et placardé dans l’espace public dans la commune du bord du lac, aux côtés du mot-croisés original.
Une manière, selon eux, de transformer le procès lui-même en performance artistique et d’exposer la procédure au regard du public.
