Prisons valaisannes : séance de crise après des démissions en série
C'est l'hécatombe dans le service pénitentiaire valaisan : depuis l'été, cinq cadres et juristes ont donné leur démission.
C'est l'hécatombe dans le service pénitentiaire valaisan : depuis l'été, cinq cadres et juristes ont donné leur démission.
En août, le chef de l'office des sanctions et mesures. Puis les ressources humaines ont perdu l'un des leurs. C'est ensuite le responsable de la colonie pénitentiaire de Crêtelongue qui est parti vers de nouveaux horizons. Le mois dernier, la série noire s'est poursuivie avec l'une des juristes de la direction. Enfin, la semaine passée, c'est la responsable des Etablissements de détention avant jugement qui, 13 mois après son engagement, a elle aussi jeté l'éponge, en l'occurrence pour un poste dans le privé.
Redéfinir le fonctionnement et la place des chefs
Un nouveau départ qui aura été celui de trop pour le chef du département qui a tenu séance de crise lundi matin. "C'est extrêmement tendu et cela fait un moment que je tire la sonnette d'alarme… il faut qu'on recompose complètement ce paysage carcéral valaisan", explique Oskar Freysinger qui estime avoir identifié les problèmes dont une partie seront réglés à l'interne, notamment pour supprimer la proximité, voire la promiscuité des chefs d'établissements et d'office. "Vous avez finalement deux chefs sous le même toit avec la confusion des rôles qui en découle…Il faut donc déjà les séparer", explique le chef du département de la sécurité et de la formation en recherche de locaux depuis un an et demi dit-il.
La suite, c'est dans la reconfiguration des établissements qu'elle se prépare avec la suppression, à terme, de Brigue comme de Martigny et le renforcement des Iles (déjà 16 places de détention en plus pour la nouvelle aile) et de Crêtelongue (avec notamment de gros travaux à engager).
Des structures organisationnelles obsolètes
En 2011, déjà, le rapport de Benjamin F.Brägger , issu d'un audit réclamé par la cheffe de département d'alors, Esther Waeber-Kalbermatten et finalement commandé par le Conseil d'Etat, avait déjà conclu à la nécessité de revoir tout le système organisationnel et opérationnel, jugé trop morcelé et dépassé. Les Etablissements pénitentiaires valaisans (EPV) avaient par ailleurs été sérieusement écornés par plusieurs rapports d'experts nationaux et internationaux (par exemple ceux de la Commission nationale de prévention de la torture qui ont encore fait réagir le Conseil d'Etat l'an passé) sur des dysfonctionnements dans ses missions premières, de détention, réinsertion, assistance et encadrement, appauvries par "des conditions de détention par trop axées sur la sécurité".
C'est ensuite par un décret adopté par le Grand Conseil le 13 décembre 2012, que le gouvernement a procédé au regroupement de l'exécution des peines en milieux fermé et ouvert. Il a ainsi décidé la transformation des Etablissements pénitentiaires valaisans (EPV) en un Service de l'application des peines et mesures (SAPEM).
Le SAPEM est composé: de l'Office des sanctions et des mesures d'accompagnement (OSAMA), des établissements de détention avant jugement pour adultes (Brigue, Sion et Martigny), d'un établissement ouvert d'exécution des peines privatives de liberté (Crêtelongue), d'un établissement pour mineurs et jeunes adultes (Pramont). Il assure également "la direction administrative du réseau de probation qui est chargé du suivi des mesures d'accompagnement imposées au condamné dans l'objectif de la réinsertion sociale et de la prévention de la récidive", avait encore précisé l'ancien "département de la sécurité, des affaires sociales et de l'intégration", lors de son lancement.