Neuf ans pour une campagne nationale contre les violences domestiques, après un combat très valaisan
Neuf ans. C’est le temps qu’il aura fallu à la Suisse pour lancer une campagne nationale contre la violence domestique, sexuelle et de genre. Mais à Berne, il a fallu ramer pour en arriver là, avec moult interventions, notamment valaisannes. Généalogie d’un projet qui a dû franchir tous les écueils.
Depuis ce 11 novembre, la première campagne nationale contre la violence domestique, sexuelle et de genre est sur les rails.
C’est peu dire qu’Elisabeth Baume-Schneider avait le sourire, mardi dernier en présentant cette première helvétique, alors que la Suisse a approuvé la Convention du Conseil de l’Europe en 2016, puis la Convention d’Istanbul, sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes en 2017 déjà.
Depuis lors, les interventions parlementaires ont essaimé. Dès 2019, un certain Mathias Reynard, alors conseiller national, appelait le Conseil fédéral à avancer dans le projet. La sénatrice Marianne Maret a repris le flambeau aux Etats, la Bernoise Tamara Fumiciello et la Vaudoise Jacqueline de Quattro, au national.
En 2019 puis en 2020, les interpellations déposées par Mathias Reynard en faveur d’un plan d’action et de prévention contre les violences conjugales, ont donc, elles aussi, contribué à faire avancer le projet. Tout comme la pétition lancée en 2023, doublée d’une lettre ouverte à la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, déposée par 172 organisations.
L’ancien conseiller national saviésan, aujourd’hui président de la Conférence latine des affaires sanitaires et sociales, était donc d’autant plus ravi d’être invité à la conférence de presse officielle du 11 novembre.
Conçue en trois temps, la campagne, prévue sur cinq années, s’adressera dès janvier, d’abord aux victimes, ensuite à leur entourage, puis aux personnes violentes ou potentiellement violentes. Cette campagne soutiendra la diffusion du 142, le numéro national d’aide aux victimes dès qu’il sera opérationnel. Il doit permettre à chaque personne concernée d’avoir accès à de l’aide en tout temps.
La campagne sera déployée sur les espaces d’affichage de tout le pays et sur les réseaux sociaux, et diffusée dans les quatre langues nationales, dans les autres langues les plus parlées en Suisse - anglais, espagnol, portugais, albanais -, ainsi qu’en langue facile. Cette campagne fera l’objet d’un suivi et d’une évaluation régulière afin de mesurer ses effets et d’apporter des ajustements ciblés.
En 2024, la police a enregistré 21'127 infractions dans le domaine de la violence domestique, soit 6% de plus qu'en 2023 et environ 40% de tous les délits enregistrés. Les femmes représentent près de 70% des victimes et plus de la moitié des homicides commis en Suisse ont lieu dans le cadre domestique.