Location, bénévoles, lavage: le challenge de taille de la vaisselle réutilisable en festival
La vaisselle réutilisable devient un incontournable des manifs du canton et repense les codes organisationnels. Du stockage, au système de consignes en passant par le transport et le lavage. Tour d’horizon.
Montage des infrastructures, accueil du public, gestion du parking, billetterie…. Et accès au lave-vaisselle.
Le festival d'art de rue à Sion s’est déroulé ce weekend en vieille ville. A Martigny, les 5 continents sont en plein préparatifs pour leurs 30ème édition, dans 3 semaines. Ces deux organisations partagent plus d’un point commun, dont l’omniprésence de la vaisselle réutilisable.
Assiettes, couverts, gobelets lavables. Ces objets deviennent des incontournables des festivals du canton, qu'il s'agisse de suivre une directive communale ou une volonté associative. Mais passer du jetable au réutilisable entraîne un investissement de temps et d'argent. Les articles transitent par milliers voire dizaine de milliers et leur gestion s'avère aussi gourmande en bénévoles.
Bénévoles cantonnés à la vaisselle
A Sion, le festival d'Art de rue s’est mis au total réutilisable depuis l’an dernier, respectant ainsi le règlement de la ville introduit en 2020, qui bannit le jetable. Pas moins de 12 mille assiettes et couverts et 20'000 verres et pichets ont navigués sur le site ce weekend. Du stand du propre, jusqu’au lave-vaisselle en passant par la consigne, la récolte et le transport.
"Nous venons de rajouter un troisième stand cette année pour récupérer le sale. Avec deux on ne s'en sortait pas", indique Vincent Rebstein, membre du comité d’organisation. "Ce qui nécessite environ 10 bénévoles exclusivement cantonnés à ces tâches."
La manœuvre coûte plusieurs milliers de francs supplémentaires à l’organisation, qui trouve malgré tout son compte grâce à l’aide et aux subventions de la commune de Sion.
"Une priorité du festival"
A Martigny, le festival des 5 continents s'est mis au 100% lavable depuis 2019. L'événement compte un budget location de 12'000 francs et amassent 30'000 pièces de vaisselle au total. Des frais que Steve Chambovey, membre du comité, ne voit pas comme une charge qui pèse sur d'autres enveloppes du festival. "La durabilité fait partie de nos priorités financières depuis des années", expose-t-il. "Notre manifestation a aussi grandi et nous permet d'assumer ces coûts, sans pour autant qu'ils se reportent sur les prix des boissons ou des repas".
Activité florissante
Certaines entreprises ont flairé le créneau. C’est le cas de Papival à Sion. La société, historiquement spécialisée dans les emballages de fruits et légumes, a élargi ses activités en 2019 avec des stocks de vaisselle. A l'heure de visiter les locaux, des centaines de milliers d'articles s'alignent dans des boites hermétiquement fermées, tandis que deux employés s'emploient au nettoyage des stocks récupérer ce weekend. "On a de quoi couvrir 4 ou 5 gros événements de plusieurs milliers de personnes chaque weekend", explique Ludovic Constantin, responsable achats chez Papival. "Si ce secteur reste encore marginal dans le chiffre d'affaire de la société, c'est celui qui se développe le plus vite."
L'entreprise emploie ainsi 4 équivalents plein temps dans ce domaine, sans compter auxiliaires et jobs étudiants.
Le réutilisable entre dans les moeurs
Cette transition vers le réutilisable suit donc son cours, et semble entrer dans les moeurs. C'est du moins le constat d'Eric Nanchen, directeur de la Fondation pour le développement durable des régions de montagne.
La FDDM dispose d'un bureau de conseils à disposition des manifestations et associations pour toutes les questions liées à la durabilité. "L'introduction du règlement sédunois en matière de déchets en 2020 a entraîné plusieurs demandes", observe Eric Nanchen. "Mais depuis, les questions sont de moins en moins nombreuses, le recours au réutilisable devient de plus en plus instinctif, même chez les festivaliers."