Femmes et santé en Valais aux siècles passés : une conférence pour leur redonner une place
Quel rôle jouaient les femmes valaisannes dans le domaine de la santé aux 18e et 19e siècles? Une conférence a été donnée cette semaine par l'association Via Mulieris sur ce sujet.

Depuis une dizaine d'années, Via Mulieris met en lumière les recherches menées par et sur les femmes en Valais. Cette fois, c'est au domaine de la santé que l'association s'est intéressé. Pour en parler, elle a invité l'historienne de Martigny Madline Favre.
Doctorante en histoire moderne à l'Université de Lausanne, la jeune chercheuse travaille sur les interactions entre pratiques religieuses et pratiques médicales entre le 18e et le 19e siècle en Valais. Elle s'intéresse notamment à la manière dont les savoirs médicaux circulaient à l'époque dans la société valaisanne.
Pour cette conférence, Madline Favre a concentré son attention sur la place occupée par les femmes dans ce dispositif. Et elle a constaté que les protagonistes étaient nombreuses à être actives dans ce domaine. Guérisseuses, sage-femmes, sœurs hospitalières ou simples mères au foyer : les femmes étaient alors essentielles dans la gestion de la santé.
Invisibles, ces femmes avaient un rôle à l'époque
Madline Favre cite par exemple Jeanne-Marie Dayer, une guérisseuse hérensarde du 19e siècle dont la réputation dépassait largement les frontières de sa vallée. "Elles sont là. C'est juste qu'avec notre perspective des sources, on n'arrive pas à saisir certaines dynamiques. Mais à l'époque, je pense que c'était vraiment plus clair qu'elles avaient un rôle", explique Madline Favre:
Il faut dire que les femmes sont très peu présentes dans les sources traditionnelles, comme les documents administratifs, les recensements, les journaux ou la correspondance.
La chercheuse a donc dû sortir des sentiers battus pour se faire une idée de la place des femmes dans le monde de la santé. "On ne peut pas se contenter des sources 'normales', il faut aller creuser", explique Madline Favre.
La santé encore influencée par le curé
Une chose est sûre : à cette époque, la santé est encore largement influencée par la religion. C'est par exemple le curé qui nomme les sage-femmes parmi les meilleures paroissiennes. Elles doivent pouvoir donner le baptême lorsque les naissances se passent mal, souligne Madline Favre.
Il faudra attendre le milieu du 19e siècle pour que les premières formations laïques d'infirmières voient le jour. Ce sera à Lausanne en 1859, sous l'impulsion de la Genevoise Valérie de Gasparin.
