Les Verts misent sur un fonds climat pour un tournant écologique
Les Verts réclament un tournant écologique et souhaitent que la Confédération y consacre davantage de moyens. Réunis en assemblée samedi, les délégués ont approuvé l'idée de lancer avec le PS une initiative populaire pour créer un fonds pour le climat.
Les délégués du parti ont approuvé "à l'unanimité" cette démarche lors de leur assemblée à Ziegelbrücke (GL). Les délégués du PS s'étaient déjà prononcés début février en faveur du lancement d'une telle initiative.
Ce texte vise à instaurer un fonds alimenté chaque année par la Confédération à hauteur de 0,5, voire 1% du PIB, soit entre 3,5 et 7 milliards de francs. L'objectif est une décarbonisation du pays par le biais d'investissements massifs.
"Deux ans après la vague verte, la politique fédérale reste sourde face à l’urgence climatique", a constaté la conseillère nationale genevoise Isabelle Pasquier-Eichenberger, qui a réclamé "un engagement populaire fort pour que la Suisse atteigne un bilan climatique positif".
Après le rejet de la loi sur le CO2 en juin, les deux partis avaient d'abord envisagé des initiatives séparées, avant de se décider pour une initiative populaire commune. Se concurrencer sur le fond n'a pas beaucoup de sens, avait déclaré à ce sujet le président des Verts Balthasar Glättli.
Revenant sur la sanglante actualité en Ukraine, M. Glättli a affirmé que le conflit, et la dépendance de la Suisse aux hydrocarbures russes, était l'occasion pour la Suisse de prendre un tournant énergétique. La politique climatique est une politique de paix, a estimé le Zurichois.
"Le tournant écologique, l’abandon des énergies fossiles... telle est la tâche de notre siècle, que nous devons maintenant réussir", a ajouté M. Glättli, cité dans le communiqué des Verts.
Les énergies fossiles détruisent non seulement le climat, mais aussi la démocratie et les droits de l'homme, selon le conseiller national. Elles sont une malédiction pour les habitants des pays producteurs de pétrole, car les revenus du pétrole et du gaz profitent aux dictateurs et aux oligarques.
L'écologie et la paix vont de pair, a comparé le président des Verts. Il a demandé un boycott du gaz russe par la Suisse, ainsi que des "sanctions efficaces" contre le président russe Vladimir Poutine et son entourage. Près de 80% des transactions de matières premières conclues par des oligarques russes passent par la Suisse. Les Verts zougois dénoncent cette situation depuis des décennies.
Les délégués ont observé une minute de silence en mémoire des victimes de l'attaque russe contre l'Ukraine. Balthasar Glättli s'est adressé en ukrainien aux personnes vivant en zone de guerre. "Nous sommes solidaires avec les habitants de l'Ukraine. Pas de guerre! Pas d'oppression", a-t-il déclaré.
En outre, les Verts ont arrêté leurs mots d'ordre pour les prochaines votations fédérales. Ils recommandent de refuser le renforcement de la participation de la Suisse à l'agence européenne de protection des frontières Frontex. Il ne faut pas que la Suisse participe à un "régime frontalier bafouant la dignité humaine". Dire non le 15 mai, c'est augmenter la pression pour réformer et obtenir un "meilleur Schengen".
Les délégués recommandent d'accepter le principe du consentement présumé. Davantage de dons d'organes permettront de sauver davantage de vies, selon le parti. Enfin, ils ont plébiscité la loi sur le cinéma. Selon eux, la modification de la loi renforcera la diversité des films, permettra de réaliser des contenus de meilleure qualité et contribuera au renforcement de la culture en Suisse.
Enfin, l’assemblée a confirmé Balthasar Glättli à la présidence et a élu en la personne de Sibel Arslan et de Julia Küng "deux nouvelles vice-présidentes bien profilées". Elles remplacent Oleg Gafner et Luzian Franzini.