"Le temps n'est plus aux mesures dures", selon Alain Berset
A l'heure où le nombre de patients Covid aux soins intensifs en Suisse diminue, d'importants assouplissements se dessinent. Même si des voix cantonales invitent à la prudence, le ministre de la Santé Alain Berset a réaffirmé ce week-end un certain optimisme.
Les derniers chiffres de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) font état d'un taux d'occupation par les patients Covid de 24% dans les unités de soins intensifs. En date du 27 janvier, 210 de ces malades y étaient soignés, contre 325 un mois plus tôt. Le nombre de cas graves nécessitant des soins intensifs est donc en baisse, alors que celui des tests positifs explose.
"Il subsiste une incertitude (concernant la pandémie) que nous devons accepter", a déclaré le conseiller fédéral Alain Berset dans l'émission Rundschau de la radio alémanique diffusée samedi. "On ne sait pas ce qu'il en sera l'hiver prochain, mais en l'état actuel, aucune nouvelle mutation du virus lié au Covid-19 n'est en vue et la situation est bonne", a-t-il dit.
Le responsable de la Santé publique avait déclaré vendredi que le gouvernement pourrait décider mercredi prochain de renoncer aux mises en quarantaine (pour les cas contact) et de lever l'obligation de télétravail. Il a parlé d'une nette amélioration de la situation dans les hôpitaux.
Selon la SonntagsZeitung (SoZ), la Suisse s'acheminerait vers "une ouverture très rapide". Le journal dominical a obtenu des indications selon lesquelles Alain Berset soumettrait dès mercredi aux cantons un plan de réouverture globale prévoyant la levée de presque toutes les mesures sanitaires obligatoires, pour autant que l'évolution de la pandémie reste favorable. Cela irait jusqu'à la suppression du certificat Covid. La SoZ évoque même la date du 16 février pour ces levées.
L'immunité, avec les vaccinations et les guérisons, s'est rapidement développée ces derniers mois. Cependant, les Suisses ne se précipitent pas sur la dose de rappel ("booster"). Actuellement, 44% des personnes de plus de douze ans en ont reçu une.
Ainsi, dès la semaine qui s'ouvre, des dizaines de milliers de personnes verront leur certificat arriver à échéance et donc être désactivé, leur dernière dose de vaccin ou leur guérison remontant à trop loin. La RTS notamment a évoqué le chiffre de 250'000 désactivations.
"Le temps n'est plus aux mesures dures", a encore déclaré M. Berset à la radio alémanique. Le gouvernement reste fidèle à sa stratégie, à savoir "trouver une sorte de voie médiane de façon à "entraver la vie des gens aussi peu que nécessaire".
Le président de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé, Lukas Engelberger, met toutefois en garde dans le SonntagsBlick contre une réouverture trop rapide. "Les annonces [...] sont très optimistes. Nous ne devrions pas tout rouvrir d'un coup, mais procéder par étapes", dit-il.
Cependant, une date à mi-février lui semble à lui aussi envisageable "pour une réouverture importante", à condition que la situation continue à s'améliorer d'ici là et que le pic de la vague Omicron soit dépassé.
"La prudence doit rester de mise en ce qui concerne les hôpitaux", a-t-il ajouté. Pour le ministre bâlois de santé, la suppression de la règle dite des 2G ne devrait en tout cas pas être décidée sans consultation.
Des progrès sont également enregistrés du côté des traitements pour les patients à risque. Selon la SoZ qui cite l'OFSP, quelque 3500 personnes sont actuellement soignées en Suisse avec des médicaments par anticorps. "Cette thérapie permet d'éviter que davantage de gens finissent aux soins intensifs ou décèdent", a relevé Huldrych Günthard, infectiologue à l'Hôpital universitaire de Zurich. Les traitements par anticorps réduiraient le taux d'hospitalisation d'environ 90%.
Par ailleurs, Israël, un des pays les plus vaccinés au monde, a annoncé dimanche un nombre quasi-record de cas graves. Un total de 1069 personnes souffrant de lourdes atteintes du Covid sont actuellement traitées dans les hôpitaux - cinq fois plus que le nombre de patients aux soins intensifs en Suisse -, pas loin du pic de 1200 malades graves enregistré il y a un an.