Les Gastaldo à Martigny, plus qu’une famille d’accueil pour un jeune Lituanien
Depuis environ six mois, le jeune Dovydas Norus (15 ans) habite chez la famille Gastaldo à Martigny. Ce Lituanien est venu en Valais, comme d’autres compatriotes, pour jouer au hockey sur glace.
Qu’est-ce qui pousse un jeune Lituanien à quitter son pays pour vivre une année loin de sa famille ? Pas de réponse unique pour éclairer cette question. Une multitude de facteurs sont à l’origine de cette aventure peu commune. C’est d’abord une affaire d’opportunité. Il faut y ajouter la bonne volonté des acteurs concernés : clubs, familles d’accueil et joueurs eux-mêmes. Et aussi la part de rêve, qui anime les jeunes sportifs en herbe, conscients qu’un début de carrière, alimenté par les bons choix, peut changer drastiquement une trajectoire, une vie.
« Quand j’ai dit à mes parents qu’un entraîneur de Martigny me voulait dans son équipe, ils ne m’ont pas cru. » Dovydas Norus
Pour Dovydas Norus, adolescent ambitieux, c’est un mélange de tout cela. « J’étais déjà venu plusieurs fois en camp à Leysin, raconte-t-il. Des coachs d’Yverdon et de Martigny étaient présents. C’est celui de Martigny qui m’a approché le premier. Il m’a dit qu’il me voulait dans son équipe. Juste après la séance, j’ai filé aux vestiaires puis à la cafétéria et j’ai raconté ça à mes parents. Au début ils ne m’ont pas cru. Le responsable du camp est venu valider ma version auprès de mon père et ce dernier a accepté la proposition. » L’opportunité s’est donc présentée l’année dernière et Dovydas Norus l’a saisie.
La découverte
Appuyé par ses parents, qui le soutiennent à tous points de vue et notamment financièrement, le jeune Lituanien a fait ses bagages direction Martigny. Il y découvre un environnement très éloigné de ce dont il avait l’habitude. « Quand je suis arrivé à Martigny, c’était un choc. Tout est si différent ici. Le club et la manière dont le sport est envisagé, la vie et la ville aussi. Par exemple, c’est beaucoup plus grand là d’où je viens. Mais je n’avais pas besoin d’une grande ville pour m’épanouir. Simplement d’une bonne structure. Ce n’est pas plus mal de commencer petit avant de voir plus grand. »
« Les gens en Suisse pensent que je suis fou quand je dis que je ne mange pas de fromage. » Dovydas Norus
Autre différence fondamentale et non-négligeable : la nourriture. « En Lituanie je ne mangeais pas vraiment de légumes mais il n’y a aucune pression avec ça. Je goûte et si je n’aime pas je ne suis pas obligé de finir mon assiette. Il y a le fromage aussi. Les gens en Suisse pensent que je suis fou quand je dis que je n’en mange pas. J’ai bien aimé la fondue par exemple mais j’aime de moins en moins. Je pense simplement que c’est trop de fromage pour moi. »
Apprendre le français
L’ado trouve ses marques petit à petit malgré la barrière de la langue. D’ailleurs que ce soit pour son intégration sportive et sociale, c’est vraiment ce qui a posé le plus de difficultés au début. « Le plus dur c’était de me faire de nouveaux amis, concède-t-il. Et la langue aussi ! Martigny est une petite ville si l’on compare à Lausanne ou même Fribourg. Il n’y a pas beaucoup de gens qui parlent anglais. C’était difficile mais les parents de ma famille d’accueil et leurs enfants m’ont énormément aidé. Ils essaient de m’apprendre le français. Grâce aux leçons que je suis à l’école, je progresse de jour en jour. »
« Les autres Lituaniens présents en Valais vivent une expérience différente car je fréquente l’école publique et eux sont dans le privé. » Dovydas Norus
Si son français s’améliore, c’est aussi parce que Dovydas Norus fréquente l’école publique, contrairement à certains de ses compatriotes qui sont aussi en Valais. « Oui il y en a un avec moi en U15. C’est Tadas. On jouait déjà ensemble en Lituanie. Et d’autres évoluent en U17. Je les croise de temps en temps. Je peux aussi dire que leur expérience est un peu différente car je fréquente l’école publique et eux sont dans le privé. Mais on se côtoie régulièrement. C’est sympa d’avoir des amis dans le coin. »
La vie à six
Une vie de famille chamboulée ? Pas tant que ça. Chez les Gastaldo, il y avait déjà trois garçons. Accueillir un adolescent de plus, ce n’était donc pas un problème à priori. L’organisation des chambres a été revue certes mais pour le reste, Dovydas Norus a rapidement été mis dans le bain. Et dans le rythme hebdomadaire qui tournait déjà passablement autour du hockey sur glace et de ses rendez-vous. Et pour cause, le papa Nicolas, a gardé un pied dans le milieu. Lui qui a eu une riche carrière – de Martigny à Viège, en passant par Sierre ou Sion – et qui est aussi entraîneur.
« J’avais envie de créer un lien avec lui. Franchement, on le considère aujourd’hui comme un fils. » Marilyne Gastaldo
Les enfants foulent aussi la glace mais curieusement, c’est la maman, Marilyne Gastaldo qui la première a émis l’idée d’accueillir le jeune Lituanien à la maison. « J’ai appris qu’on pouvait prendre un enfant en famille d’accueil et j’ai trouvé que c’était une très belle opportunité. » Un nouvel habitant à la maison, même pas peur. Les doutes, ceux de la maman, se sont surtout concentrés sur l’intégration plus générale et le bien-être de l’adolescent. « Au tout début ce n’était pas facile, convient-elle. J’avais aussi envie de créer un lien avec lui. Franchement, on le considère aujourd’hui comme un fils. »
La vie tout court
Les mois ont passé, Marilyne a gagné un fils et ses fils ont gagné un frère. La cohabitation, difficile au début, s’est améliorée de jour en jour, comme le confirme Matteo, celui qui partage le plus de moments avec Dovydas, vu qu’il joue dans la même équipe. « C’est vrai qu’au départ je le considérais plus comme un coéquipier, confie-t-il. Mais là ça fait six mois qu’il habite chez nous, six mois qu’il dort dans ma chambre (rires). Je le considère vraiment comme un frère. »
« On s’assure que tout se passe bien à la maison et à l’école. » Nicolas Gastaldo
Et le papa dans tout ça ? Nicolas Gastaldo avait à cœur de vivre cette expérience, qu’il estime très enrichissante pour toutes les parties concernées. D’ailleurs il s’investit au quotidien pour son fils de substitution comme pour ses propres enfants. « On veille à ce que Dovydas fasse ses devoirs, raconte-t-il. On s’assure que tout se passe bien à la maison et à l’école. » Une différence se fait sentir et elle concerne la personnalité de l’hôte lituanien. « Il ne fonctionne pas exactement comme nos enfants. Il est très exigeant et il a de la peine à digérer certaines choses. Nous on est un peu plus olé olé. »
Les Gastlado et Dovydas tirent un bilan très positif de leurs premiers mois de vie commune. Sans hésiter, ils renouvelleraient l’expérience.
Dovydas Norus n’est pas le seul Lituanien présent en Valais pour vivre son rêve de hockeyeur. Le responsable du mouvement juniors du HC Valais-Chablais, François Pellissier, revient sur les origines de cette connexion entre le pays balte et le coude du Rhône.