«Il y a un club valaisan de trop en Swiss League»
Vice-président de Swiss Ice Hockey, Marc-Anthony Anner fait le point sur quelques dossiers «chauds» auxquels est confrontée la Fédération. Il évoque notamment le championnat de Swiss League et la Coupe Nationale.

La saison 2023/2024 de hockey sur glace a été lancée il y a une bonne dizaine de jours dans les deux principales divisions du pays et le week-end dernier dans certaines catégories amateurs. La Coupe Nationale reprend quant à elle ses droits dès samedi. Absents lors des deux dernières éditions, les clubs de Swiss League seront de retour sur la ligne de départ, au contraire de ceux de l’élite. L’occasion de faire le point avec Marc-Anthony Anner, vice-président de la fédération, sur la situation actuelle du hockey suisse.
Marc-Anthony Anner, certains estiment que «le hockey au mois de septembre, c’est trop tôt». Que répondez-vous à cela?
Que c’est un gros dossier qui se trouve actuellement sur notre bureau. Notamment en ce qui concerne les championnats amateurs. Nous avons pris en main le thème de la durabilité et nous allons travailler dessus aussi bien avec les clubs qu’avec les propriétaires des installations qui peinent à produire de la glace à cette période de l’année. Un sacré travail nous attend avant de trouver la meilleure solution possible.
Un sacré travail que vous assumerez notamment avec le nouvel homme fort de la fédération: Stephan Schärer, élu il y a quelques semaines à la présidence. Un ancien handballeur pour servir les intérêts du hockey, c’est particulier…
Absolument pas. Nous avions besoin d’une personnalité susceptible de dialoguer avec la National League avec laquelle les échanges sont assez difficiles depuis quelques temps et Stephan en est probablement capable. Je suis très content de sa nomination.
Vous parlez de la National League. D’un regard extérieur, on a vraiment l’impression que la famille du hockey suisse s’est complètement disloquée depuis que l’élite a décidé de faire bande à part…
Je ne peux pas vous donner tort sur ce point. Il est indéniable que des tensions existent en ce moment. Mais je reste convaincu que c’est avant tout une question de personnes. Ce changement opéré à la tête de la fédération va, je l’espère, ramener un certain calme dans la maison. Le but est d’unir à nouveau le milieu professionnel car dans le hockey amateur, aucun problème n’est à signaler.
Cela nous amène sur la thématique de la Swiss League. Quel regard portez-vous sur ce championnat de 2ème division?
C’est une division qui se cherche encore. Une ligue assez disputée et on le voit en ce début de saison. Le classement actuel est relativement surprenant. Se diriger vers un championnat plus homogène serait une bonne chose. Il faut pouvoir «vendre» cette catégorie qui doit vraiment jouer son rôle d’antichambre de l’élite afin de permettre à nos jeunes d’acquérir un maximum d’expérience pour faire le saut.
En un an, trois clubs ont quitté la Swiss League. Kloten a certes été promu mais Zoug Academy et Langenthal, une formation pourtant historique, ont tiré la prise. Un signe qu’il devient de plus en plus difficile de survivre en 2ème division?
Bon, il faut prendre ces trois cas séparément. Kloten avait annoncé ses ambitions et l’ensemble du hockey suisse poussait pour qu’il remonte. Concernant Zoug Academy, ce sont les clubs de Swiss League qui ont décidé qu’ils ne voulaient plus d’une telle formation avec eux. Quant à Langenthal, c’est l’absence d’un projet de nouvelle patinoire qui lui a été fatale. L’horizon étant bouché pour les Bernois dans une ligue professionnelle, ils ont préféré demander leur relégation administrative en MyHockey League (ndlr: la 3ème division).
Reste qu’il n’y a plus que dix formations dans ce championnat de 2ème division. La solution pourrait-elle passer par une fusion avec l’échelon inférieur?
Je vais être franc. La MyHockey League est stable. Elle va bien et a un championnat homogène. Cette question de réunir les deux ligues est légitime selon moi. Je l’ai amenée sur la table il y a douze mois mais je me suis retrouvé seul à défendre cette idée. Il faut aussi reconnaître le danger d’une fuite en avant qui menacerait des équipes qui se portent bien à l’heure actuelle en 3ème division.
Dix clubs donc en Swiss League dont trois valaisans. Qu’est-ce que ça vous inspire?
Qu’il y en a un de trop à mon goût. Par contre, je suis aussi d’avis que le Valais mérite d’avoir une équipe en National League. Peu importe laquelle. De toute manière, cela passera par un rassemblement des forces. Une vraie pyramide doit se mettre en place avec des formations valaisannes dans les trois premières divisions. C’est le seul moyen d’éviter que les jeunes talents du canton aillent voir ailleurs.
Évoquons un autre thème qui prête à discussion dans le paysage du hockey suisse: la Coupe Nationale. Elle revient ce week-end avec le retour des clubs de Swiss League mais toujours sans ceux de National League…
Vous savez, lorsque les représentants des deux premières divisions ont décidé de tourner le dos à ce qui était la Coupe Suisse, j’ai dit au directeur du hockey amateur qu’on allait continuer même sans eux. La décision a été prise le temps d’un café. J’avais déjà le nom «National Cup» en tête, il ne manquait qu’un logo. Immédiatement, la donne était claire: la porte ne serait pas fermée à un retour de la National League et de la Swiss League. Cette dernière est venue toquer il y a un petit moment déjà et on lui a d’abord dit de patienter pour des raisons techniques. J’ai bon espoir que l’élite revienne aussi un jour. Le principal problème concerne le calendrier qui est déjà chargé entre le championnat, les matches internationaux et la Champions Hockey League. Mais on doit trouver le moyen de libérer 4-5 dates pour que les meilleurs clubs du pays participent à la Coupe Nationale. Les images de la finale entre Ajoie et Davos en 2020 à Lausanne sont toujours présentes dans la tête de tout le monde. Avoir la possibilité de gagner un titre en 4-5 matches titille forcément les clubs, notamment ceux qui sont plus en retrait en championnat. Le retour de la National League est possible, je le répète, mais cela ne se fera pas avant 2025 ou 2026.
Et en attendant, les petits clubs sont privés de cette fameuse «magie de la Coupe» qui leur permettrait d’accueillir un gros morceau sur leur glace. Cela doit vous rendre triste, vous qui défendez les intérêts du hockey amateur, non?
Triste? Pas forcément. Je me fiche de ceux qui ne veulent pas jouer cette compétition quand je vois la finale de l’an dernier (ndlr: remportée par Martigny contre Arosa). Même sans National League, le niveau reste élevé, l’engouement bien présent, il y a de l’ambiance dans les patinoires, on sent malgré tout que la Coupe amène une atmosphère spéciale. Mais évidemment que réunir à nouveau tout le hockey suisse passe par cette compétition, j’en suis convaincu. Nous devons redevenir cette famille qui était jalousée par toutes les autres fédérations européennes.
Les affiches des clubs valaisans en National Cup
Sa 17h30: Prilly-Viège
Sa 17h45: Guin-Sierre
Sa 18h00: Thurgovie-Martigny
Sa 20h15: Saastal-Seewen
Di 14h30: Sion-Coire
Retrouvez ci-dessous l'entretien complet réalisé avec Marc-Anthony Anner, vice-président de Swiss Ice Hockey, dans le cadre de notre émission Zone Mixte du dimanche 24.09