Accusations de dopage: Flückiger a la conscience tranquille
Mathias Flückiger est sorti de son silence, six mois après sa suspension provisoire pour dopage. Celle-ci a depuis été levée et le Bernois peut à nouveau courir, mais il n'a pas encore été blanchi.
Le monde de Flückiger (34 ans) s'est écroulé le 18 août 2022, un jour avant la course de VTT des championnats d'Europe à Munich, quand Swiss Cycling a annoncé que le coureur avait été testé positif au zeranol le 5 juin lors des championnats de Suisse à Leysin. Le médaillé d'argent des JO de Tokyo s'était ensuite muré dans le silence, s'éloignant un long moment de la vie publique par peur des accusations.
Il avait donné signe de vie une fois, par le biais d'un communiqué trois semaines plus tard. Il y affirmait son innocence. Depuis, il a tout mis en oeuvre pour se libérer de ce soupçon de dopage, avec l'aide notamment des docteurs Matthias Kamber, ancien directeur d'Antidoping Suisse, et Thilo Pachmann, avocat et expert en droit du sport. Tous deux étaient aux côtés du coureur lors de la conférence de presse tenue à Ittigen, près de Berne.
Les deux défenseurs affirment que Flückiger a été victime d'un jugement hâtif, en raison de la quantité infime du produit détecté et aussi à cause d'une procédure entachée d'erreurs. Quelque 0,3 nanogramme a été décelé, pour un seuil fixé à 5 nanogrammes par millilitre. Les défenseurs du coureur affirment donc qu'il s'agit en l'occurrence d'un "Atypical Finding" et non d'un "Abnormal Finding".
"Un résultat atypique ne signifie pas un test antidopage positif", a martelé Matthias Kamber. Avec une si faible quantité, il faut rester prudent, d'autant plus que le zeranol n'est pas un anabolisant typique utilisé par le passé à des fins de dopage. Kamber est convaincu de l'innocence du coureur. "Je ne veux défendre personne qui s'est dopé. Mais je veux protéger ceux qui sont innocents."
Pour sa part, l'avocat Pachmann a évoqué "des erreurs claires de procédure" de la part de la Swiss Sport Integrity (SSI). Après la découverte du résultat atypique, l'athlète aurait impérativement dû être informé et entendu, comme cela figure dans le protocole de l'agence mondiale antidopage (AMA).
Dans le cas en question, entre le test du 5 juin et l'annonce du 18 août, il n'y a eu aucun contact avec Flückiger, ni aucune audition. Les conditions dans lesquelles le test a été réalisé ont aussi été remises en question, notamment le transport des échantillons à travers la foule.
"Ce qu'il est passé cet été a été sans aucun doute faux. En fait, le public n'aurait jusqu'à aujourd'hui rien dû savoir de cette affaire. Le SSI doit avouer son erreur", a ajouté l'avocat.
Flückiger combat depuis six mois pour sauver sa réputation et prouver qu'il n'a pas triché. "Tout s'est effondré le 18 août 2022, toutes mes valeurs et tout ce que j'avais construit avec ma famille et mon équipe. On ne m'a pas cru. J'ai toujours eu la conscience tranquille, mais les gens ne m'ont plus fait confiance. Cela a été les pires cinq mois de mon existence, et de loin", a avoué le Bernois.
Le soutien de ses proches, notamment de son amie Lisa qui a quitté son emploi d'enseignante, a permis à Flückiger de sortir du trou dans lequel il avait plongé. Et il espère bien pouvoir être lavé de toute accusation.
Le 17 décembre, sa suspension provisoire a été levée par la commission de discipline du sport suisse. Ce n'est pas encore un acquittement, mais au moins un premier pas dans la direction espérée. La commission a admis les erreurs de procédure et a reconnu que la suspension n'aurait pas dû être prononcée en raison du résultat atypique et des quantités infimes de zeranol décelées.
Swiss Sport Integrity, qui a entendu Flückiger le 10 février, devra donc trancher. En attendant, le coureur a de nouveau la permission de disputer des courses. Il s'est classé 6e à Banyoles, en Espagne, le week-end dernier et courra la Swiss Cup à Gränichen le 19 mars.