Conçue à l’origine pour les enfants, la pédagogie Montessori est aujourd’hui utilisée dans les EMS
Conçue à l’origine pour les enfants, la pédagogie Montessori est aujourd’hui adaptée aux personnes âgées. Elle offre un nouveau regard sur la démence.

La pédagogie Montessori, une méthode conçue à l’origine pour les enfants, est adaptée aujourd’hui aux personnes âgées souffrant de problèmes cognitifs. Elle a fait son apparition en Valais, où elle est utilisée à Sierre, Sion et bientôt Martigny.
Véronique Durand-Moleur est directrice de AG&D. Une société française qui développe l’approche Montessori adaptée aux personnes âgées sur les territoires francophones. Son application en Europe est pourtant récente, souligne Véronique Durand-Moleur. Une dizaine d'années pas plus. «L'original de cette approche a été développée par le professeur américain Cameron Camp à la fin des années 80 début 90. L'idée est de redonner du contrôle sur la vie aux personnes. De considérer les pathologies neurodégénératives comme un handicap et de permettre aux personnes de continuer une vie qui a du sens, malgré ce handicap cognitif.»
«Quand nous voulons faire à la place du résident, nous lui enlevons une part de ce qui lui appartient.» Jérémie Lugari, directeur Fondation Castel Notre Dame à Martigny
La démarche Montessori offre un regard neuf sur la démence : elle consiste à se concentrer sur tout ce que la personne est encore capable de faire. Dans le but de conserver son autonomie le plus longtemps possible. Jérémie Lugari, directeur de la Fondation Castel Notre-Dame à Martigny, est convaincu par l’approche Montessori. Une formation est prévue en février pour l'établissement médico-social de 122 lits. «Les effets mesurables de cette méthode tels qu'ils nous sont annoncés, c'est une diminution importante des angoisses chez les résidents, ainsi qu'un maintient des habitudes de vie en fait. Finalement si nous faisons à la place des personnes, elles s'effacent peu à peu. Même si c'est par bienveillance que nous voulons aider le résident, nous lui enlevons une part de ce qui lui appartient.» Pour Jérémie Lugari, quand les résidents peuvent agir sur leur quotidien, ils se sentent mieux intégrés dans l'établissement. «Ils ont des capacités, des ressources qui font partie de leur vie, de leur identité. Et de maintenir ces aspects-là, c'est très important pour l'être humain.»
La grande crainte du personnel: en donnant plus d'autonomie aux résidents, avoir encore moins de temps
Moins d’angoisses, donc par conséquent moins de médicaments. Et, du côté des professionnels, une activité qui retrouve du sens. Mais, un tel changement ne se fait pas sans appréhension, comme le confirme Jérémie Lugari. «La grande crainte finalement, c'est de penser que nous n'avons déjà pas le temps de faire ce que nous faisons aujourd'hui. Donc demain, en donnant plus d'autonomie aux résidents, nous allons encore avoir moins de temps à disposition. Et, c'est finalement tout un changement dans l'organisation de la journée, du management aussi, et même de l'approche ou de la participation des familles qui va évoluer. Donc, nous pouvons imaginer que le fonctionnement de l'établissement sera totalement différent lorsque la méthode roule.»
La pédagogie Montessori est utilisée au Centre médico-social de Sierre, à la Fondation St-Pierre à Sion et prochainement à Martigny. La Fondation Castel Notre-Dame devrait suivre la formation proposée par les équipes de Véronique Durand-Moleur en février prochain. D'autres méthodes, comme la méthodologie de l'Humanitude ou encore les 14 besoins fondamentaux de Virginia Henderson, sont également utilisées dans certains EMS du canton.