Ukraine: l'UE ne suit pas Washington qui rappelle les familles de diplomates
L'UE ne voit pas de raison de dramatiser les tensions entre l'Ukraine et la Russie. Elle ne compte pas suivre les Etats-Unis qui rappellent les familles de leurs diplomates, a annoncé lundi Josep Borrell. Londres retire par contre une partie de son personnel.
Le département d'Etat américain a ordonné dimanche soir l'évacuation des familles de ses diplomates en poste à Kiev et a déconseillé les voyages en Russie, alors que s'ouvre lundi à Bruxelles une concertation avec les pays européens, jusque-là tenus à l'écart des négociations russo-américaines sur l'Ukraine.
"Le secrétaire Blinken nous expliquera les raisons de cette annonce. Nous n'allons pas faire la même chose, car nous ne connaissons pas les raisons spécifiques", a expliqué le chef de la diplomatie européenne à son arrivée pour la réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée aux tensions entre la Russie et l'Ukraine. Antony Blinken doit intervenir en visioconférence pendant cette réunion.
"Nous pensons qu'une invasion russe (...) peut se produire à tout instant", a déclaré dimanche soir à la presse une haute responsable américaine pour justifier la décision de demander aux familles de diplomates américains de quitter le pays.
"Je ne pense pas que nous devions dramatiser dans la mesure où les négociations se poursuivent, et elles se poursuivent. Je ne pense pas que nous devons laisser l'Ukraine et partir. Mais peut-être que le secrétaire Blinken a plus d'informations qu'il partagera avec nous", a ajouté Josep Borrell.
"Nous n'avons pris aucune décision pour demander le départ des familles de nos diplomates d'Ukraine, à moins que Blinken ne nous fournisse des informations justifiant un tel mouvement", a-t-il encore dit.
Londres a pour sa part emboîté le pas à Washington et annoncé lundi le retrait de personnels de son ambassade à Kiev face à la "menace croissante" de la Russie. L'ambassade restera toutefois ouverte.
L'Ukraine a pour de son côté jugé "prématurée" et "excessive" la décision de Washington de rappeler les familles de ses diplomates en poste à Kiev.
La Russie est accusée par les Occidentaux d'avoir massé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne et de préparer une invasion imminente de son voisin. L'Est de l'Ukraine est depuis 2014 en proie à une guerre entre les forces de Kiev et des séparatistes prorusses dont le Kremlin est largement considéré comme le parrain militaire et financier.
Malgré la tension actuelle, "la situation sécuritaire n'a connu aucun changement radical ces derniers temps: la menace de nouvelles vagues d'agression russe demeure constante depuis 2014 et l'accumulation de troupes russes à la frontière (ukrainienne) a commencé déjà en avril dernier", a fait valoir M. Nikolenko.
Il a appelé à "garder son calme", tout en dénonçant les "efforts" de Moscou pour "déstabiliser la situation intérieure en Ukraine".
Les Européens sont quoi qu'il en soit prêts à répondre par des sanctions économiques et financières massives à une intervention de la Russie en Ukraine. Une série d'options ont été préparées par la Commission européenne et doivent être soumises pour approbation aux Etats membres.
"Rien de concret ne sera approuvé aujourd'hui", a précisé Josep Borrell. "Le processus de décision sur les sanctions est complexe. Les sanctions doivent être décidées par le Conseil sur proposition du Haut Représentant, c'est-à-dire moi, ou un Etat membre", a-t-il expliqué.
"Nous voulons agir en étroite coordination avec nos alliés, avec les États-Unis en particulier, mais aussi avec le Canada et le Royaume-Uni", a-t-il souligné. "Pour l'instant, nous continuons à construire un ensemble de sanctions fortes. Le processus est en cours pour être sûr que tout sera prêt en cas de besoin", a-t-il assuré.