Genève-Servette champion de Suisse: Arnaud Jacquemet raconte depuis Ibiza
Arnaud Jacquemet et Vincent Praplan ont écrit une page d’histoire ensemble. Les deux cousins ont activement contribué au titre de champion de Suisse remporté par Genève-Servette en fin de semaine dernière. Récit depuis Ibiza où les Aigles se sont envolés pour poursuivre les festivités.
«Ce jour fait partie des plus beaux de ma vie avec la naissance de mes enfants et mon mariage», affirme-t-il sans détour. Arnaud Jacquemet raconte ainsi ce 27 avril 2023. Une date pour la postérité. La sienne et celle de son cousin Vincent Praplan. Celle de leur club. Celle de tout un canton. Celle du hockey romand. Le défenseur de 35 ans et l’ailier de 28 ans ont inscrit ensemble leur nom dans le livre d’or de Genève-Servette, sacré contre Bienne champion de Suisse pour la première fois de son histoire et la première d’un club romand depuis 40 ans et le sacre de…Bienne justement.
À Ibiza pour profiter de derniers moments tous ensemble
Un peu moins d’une semaine après cette finalissima remportée 4-1 dans une patinoire des Vernets en fusion, les deux Valaisans ne sont pas redescendus de leur nuage. Ils n’ont en tout cas pas récupéré. Lorsqu’on les contacte, c’est à Ibiza qu’ils se trouvent. L’aîné est le seul à nous répondre: «Vincent est au lit en train d’hiberner. S’il sort de sa tanière, je lui dirai de vous rappeler». C’est donc là, dans les Îles Baléares que les Aigles ont décidé de s’offrir une sortie de groupe en guise de point final à une saison historique. «On profite une dernière fois d’être tous ensemble», explique Arnaud Jacquemet. «Comme chaque année, des changements vont inévitablement avoir lieu au sein de l’équipe. D’ici quelques mois, le groupe ne sera plus le même. On est donc venu ici pour nous amuser, profiter du beau temps et des soirées d’Ibiza.»
«Certains s’apprêtent à partir jouer un championnat du Monde, une bonne partie de nous avons des enfants qui nous attendent à la maison. Le but n’est pas d’être grillés au moment de les retrouver.» Arnaud Jacquemet
S’il assure qu’une telle sortie se fait pratiquement chaque année, le défenseur reconnaît que le fait d’être fraîchement auréolé d’une couronne nationale rajoute une euphorie légitime au sein de la bande. Et favorise certains excès? «Des excès, il y en a déjà eu jeudi soir aux Vernets», rigole-t-il. «Plus sérieusement, on n’a pas fait de trucs de fou non plus. Certains s’apprêtent à partir jouer un championnat du Monde, une bonne partie de nous avons des enfants qui nous attendent à la maison. Le but n’est pas d’être grillés au moment de les retrouver.»
Arnaud Jacquemet (couché en bas à gauche) et ses coéquipiers posent pour la photo souvenir de ce titre de champion de Suisse (Photo: Keystone)
Au sein de l’effectif genevois, Arnaud Jacquemet fait partie du groupe «des anciens». Un statut qui a son importance dans le déroulement de cette virée en Espagne. «Les jeunes sortent un peu plus longtemps que nous, les vieux, le soir», relève-t-il. «Du coup, ils passent plus de temps au lit la journée. Le programme n’est de toute manière pas très chargé. On profite de la piscine et de bien manger. Pour ce qui est des visites touristiques, on reviendra.»
Un voyage improvisé et auto-financé par l’équipe
Le Sédunois du bout du lac explique d’ailleurs que ce voyage à Ibiza s’est organisé à la hâte. «Même si on savait que la saison se terminerait jeudi, on ne pouvait pas prévoir à l’avance ce qui se passerait ensuite. Dès que le programme des festivités de ce titre a été dévoilé, on s’est mis d’accord sur la destination de cette virée. Ensuite, chacun a été chargé de se trouver un vol. Pour ce qui est de l’hôtel sur place, on peut toujours compter sur notre organisateur maison Tanner Richard (ndlr: le top scorer genevois durant les playoffs). Le financement d’une telle virée est propre au groupe, pas au club. Tout au long de la saison, la caisse d’équipe grandit grâce aux amendes pour arrivée tardive ou aux différents engagements pris à l’interne en cas de victoire. C’est cette cagnotte commune qui nous permet de partir.»
«Pleins d’éléments ont permis d’amener le bois qui a fait que le feu a brûlé en nous tout au long de cet hiver.» Arnaud Jacquemet
Arnaud Jacquemet a donc bouclé de la meilleure des manières celle qui était déjà sa dixième saison dans la cité de Calvin. À l’heure d’évoquer ce qui a permis aux Genevois de triompher, le numéro 17 affirme que les bases ont été posées il y a deux ans, lors de la finale perdue 3-0 dans un duel au meilleur des cinq actes en période de crise sanitaire face à Zoug. «À l’époque, nous n’avions pas été loin d’eux mais nous n’étions pas parvenus à faire la différence dans les moments clés des matches», se souvient-il. «Cette expérience nous a fait grandir. Il n’était pas question de laisser à nouveau passer notre chance. Je pense aussi que notre élimination de l’an dernier en pré-playoffs contre Lugano, nous a fait très mal. On l’a énormément ruminée. Les entraînements estivaux ont débuté avant même la fin de la finale de la saison passée. Pleins d’éléments ont finalement permis d’amener le bois qui a fait que le feu a brûlé en nous tout au long de cet hiver.»
Plus serein avant la finalissima que durant le reste des séries
Un feu qui a donc permis à la patinoire des Vernets (et à la fanzone bâtie à la hâte juste devant) de littéralement s’enflammer jeudi dernier. Poussés au 7ème match par Bienne, les Aigles n’ont laissé aucune chance de l’emporter aux Seelandais lors de cette finalissima. «J’ai mieux dormi la nuit qui précédait le match et durant la sieste de l’après-midi que pendant tout le reste des playoffs», affirme Arnaud Jacquemet. «Tout au long de cette finale, on avait la pression, chacun de nous avait une boule au ventre. Je savais que tout cela s’envolerait quelques heures plus tard donc plus le match approchait, plus je me sentais serein. On était en avance sur Bienne car on avait déjà joué le match 6 avec cette perspective de potentiellement remporter la Coupe. Eux, ils avaient alors dû lutter pour leur survie dans cette finale. La pression n’est pas la même dans ces deux cas de figure et je pense qu’on y était plus préparés. Je n’avais jamais vécu pareilles émotions que sur cette soirée-là.»
«N’oublions pas d’où l’on vient. Aucune équipe ne s’est entraînée autant que nous cette année. Il faudra repartir sur les mêmes bases l’an prochain et ne pas nous reposer sur nos lauriers.» Arnaud Jacquemet
Vainqueur de la saison régulière, titré au terme des playoffs, Genève-Servette aura dominé cet exercice 2022/2023 de National League de bout en bout. Dans ces conditions, Arnaud Jacquemet le sait: le plus dur est à venir pour un club qui devra désormais confirmer. «Ils seront nombreux à vouloir prendre notre place», souffle-t-il. «N’oublions pas d’où l’on vient. Aucune équipe ne s’est entraînée autant que nous cette année. Le travail consenti sur et hors de la glace durant tous ces mois a été énorme. Physiquement, on était très affutés. Même si nos déplacements à Lugano en quarts et Zoug en demies ont été bien plus longs que ceux de Bienne à Berne et Zurich, on était plus frais qu’eux. Il faudra repartir sur les mêmes bases l’an prochain et ne pas nous reposer sur nos lauriers. Le travail finit toujours par payer.»
Avant de se remettre au boulot afin de préparer la défense de leur titre, Arnaud Jacquemet et ses coéquipiers auront évidemment droit à quelques jours de repos avec leur famille. «Ça fera du bien à tout le monde. Pour nos femmes, les playoffs sont aussi une période très intense. Elles font énormément pour nous permettre d’être focalisés sur le hockey. Et pour nos enfants également, c’est important d’avoir des moments à leur consacrer.» En attendant de partir en vacances avec ses proches, le défenseur sédunois profite des dernières heures entre champions à Ibiza. D’ailleurs, son cousin est toujours aux abonnés absents.